12 % des contenus Internet.
25 millions de sites Internet.
5 milliards de dollars de bénéfice par an.
Ces trois chiffres suffisent à mesurer l’ampleur de l’industrie pornographique et, par conséquent, du drame social qu’elle représente, déjà maintes fois analysé. Il en est pourtant toujours pour voir dans la pornographie, sinon une utilisation légitime de la liberté d’expression, au moins un mal nécessaire… voire une thérapie.
Une pornographie “raffinée”
Ainsi, la juriste et militante féministe Marcela Iacub publiait le 20 mars dernier, sur le site Internet du journal Libération, un plaidoyer en faveur du développement d’une pornographie qui puisse satisfaire les pervers sexuels, afin de les empêcher de passer à l’acte : « Si nous avions admis que les êtres humains ne sont pas maîtres de leurs désirs et que certains ont la chance de pouvoir accorder leurs jouissances avec la loi et d’autres non, nous aurions pu faire en sorte que ces derniers soient satisfaits sans que cela coûte la vie ou la santé physique ou mentale de tant de victimes. Une telle société aurait mis en place des dispositifs fantasmatiques efficaces (…) afin que les pervers n’aient pas besoin de passer à l’acte dans la réalité. Elle aurait investi beaucoup de moyens pour développer une pornographie de synthèse sur mesure, si raffinée et efficace, que les pervers trouveraient satisfaction à tous leurs fantasmes sans avoir besoin de s’en prendre à des personnes réelles. Loin de ne concerner que la vue, cette nouvelle pornographie pourrait aussi agir sur le toucher. Ainsi, les créatures virtuelles pourraient provoquer des sensations les plus réalistes qui soient. »
À quoi ressemble une pornographie « raffinée » ? Marcela Iacub ne le précise pas. Mais la militante a au moins le mérite de la cohérence : partant du fait que l’homme n’est pas maître de ses désirs, elle le rabaisse au rang de l’animal soumis à son instinct. Dès lors, elle peut supposer que la sexualité humaine se résume à une série de pulsions que des images ou des objets suffisent à satisfaire.
Le Larousse donne cette définition de la perversion : « Déviation des tendances normales ; altération profonde d’une fonction. » La perversion, sexuelle en l’occurrence, est anormale, sur les plans moral et social, d’une part, sur le plan psychologique, d’autre part. C’est, en somme, une pathologie qui nécessite donc d’être soignée, non pas entretenue ! C’est pourtant ce que propose Marcela Iacub, pour qui les pervers ont, autant que les autres, le droit à être satisfaits sexuellement. Seulement, il lui faut concilier ce droit avec celui que nous avons tous de n’être pas victimes des pervers en question. Et le développement d’une pornographie spécifique lui semble une heureuse solution.
Absurde sur le plan psychologique, grave sur le plan moral, sa solution miracle semble faire abstraction du fait qu’un film pornographique (que Marcella Iacub ne remet jamais en cause) implique des « acteurs » qui, hélas, ne font pas semblant. Il faudrait donc, par exemple, utiliser des enfants pour faire des films « raffinés » pour les pédophiles… Les militants pour les droits des pervers accepteraient-ils de faire participer leur progéniture à ce genre de productions ?
Une autre voie de rédemption
Quelques jours avant que Marcela Iacub ne sévisse dans les colonnes de Libération, paraissait la version française du livre de Mgr Paul Loverde, évêque d’Arlington (États-Unis), « Rachetés à grand prix – Se protéger et protéger sa famille de la culture pornographique » (Éd. des Béatitudes). Qui mieux que ceux qui confessent savent combien la pornographie touche jusqu’aux personnes censées être les plus protégées ? Soucieux du salut de ses ouailles, l’évêque explique avec une grande pédagogie dans ce court ouvrage comment la pornographie brise la personne et sa famille avec elle, comment elle contrevient directement à la vocation de l’homme à l’amour. « Elle détruit la capacité des êtres de voir en chacun une créature unique et merveilleuse à l’image de Dieu, en obscurcissant leur vision et en les entraînant à considérer l’autre comme un objet à utiliser et manipuler. (…) Notre vision naturelle en ce monde est le modèle de notre vision surnaturelle dans le suivant. Si nous avons faussé ou abîmé ce modèle, comment pourrons-nous comprendre la réalité ? », interroge le pasteur. Avec la douceur et la fermeté d’un père, il détricote les arguments les plus courants des promoteurs de cette industrie criminelle :
– La pornographie ne fait de mal à personne.
– Son usage peut être thérapeutique.
– Elle participe du développement psychologique de l’adulte.
– L’opposition chrétienne à la pornographie est fondée sur la haine du corps humain.
Fort de plusieurs années d’expérience de l’accompagnement spirituel de personnes tombées dans ce fléau, réceptif également aux témoignages reçus de ses frères prêtres, il trace un chemin de rédemption.
Le puritain réactionnaire Mgr Loverde face à la garante du bonheur de tous Marcela Iacub ? Si seulement elle pouvait lire Rachetés à grand prix !