Il y a quelques jours un quotidien, par ailleurs emmacronisé jusqu’à l’os, interviewait – sous le titre « La bataille des droites » – Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat et patron de Force républicaine (drôle de nom quand on est né à Cholet et qu’on a travaillé au Puy-du-Fou…), et Guillaume Peltier, premier vice-président de LR (ce qui en fait le numéro 3).
Passons rapidement sur Bruno Retailleau, propre sur lui, convenu, convenable et qui, pourtant droit comme un S vu son sinueux parcours politique, déclare « qu’il faut assumer un discours de vérité ». Mais pas au point de répondre très clairement quand on lui demande si Laurent Wauquiez est la bonne personne pour incarner la droite (sic) que lui, Retailleau, appelle de ses vœux…
Le 20 mars prochain, ce transfuge du MPF villiéresque, sort un livre intitulé Refondation (Ed. de l’Observatoire).C’est au pied du mur qu’on voit le maçon, disait ma grand-mère. Avec des opposants aussi flasques, Macron peut dormir sur ses deux oreilles…
Supposé « plus à droite » (comme dans ce sketch de Coluche où on avait une lessive qui lavait « plus blanc que blanc »), Guillaume Peltier. L’homme aux dents si longues qu’elles font ressembler celles de Dracula à des quenottes. Il déclare aujourd’hui (façon Chirac il y a un siècle) : « Je me considère comme travailliste. »
Il faut dire qu’à part se produire au Moulin Rouge avec une plume dans le derche, il nous aura joué toute la gamme, le Peltier. Mais ce n’est peut-être pas fini : je ne désespère pas, pour peu qu’on lui propose un fromage à la hauteur de ses ambitions, de le retrouver chez Macron, autre travailliste célèbre…
De Peltier, j’ai quelques souvenirs du temps où il croisait du côté de Chrétienté-Solidarité, expliquant à tous et à chacun – et même à Bernard Antony – ce qu’il fallait faire – et d’abord l’écouter – pour porter le mouvement à des sommets… A l’occasion, il donna des articles très droitisants à la revue Reconquête, s’indignant par exemple, façon Gavroche, des attaques conte Le Pen et le FN : « Qu’on vole la Joconde/C’est la faute au FN/Rien n’va plus dans le monde. C’est la faute à Le Pen. »
On le vit donc, toujours donneur de leçons, au Front national de la Jeunesse. Puis au MNR de Bruno Mégret. Puis au MPF (comme Retailleau) où Villiers, qui s’y connaît mieux en spectacles historiques qu’en bonshommes, lui confia la présidence du Mouvement des Jeunes pour la France et, bientôt, le secrétariat général du MPF. On le vit passer chez Charles Millon. Et puis à l’UMP de l’honnête Copé. Et puis groupie de Sarkozy. Et puis homme-lige de l’honnête Fillon. Et puis derrière (en attendant de lui passer devant ?) Laurent Wauquiez. Un vrai furet : il est passé par ici, il repassera par-là… Quelqu’un qui l’a naguère bien connu dit de lui : « Guillaume est parfait. Mais son seul défaut, c’est de trahir trop tôt. »
Quand, sérieux comme Ganelon, Peltier explique que ce qu’il appelle « la droite » doit redevenir « dans le prolongement du général de Gaulle, de Jacques Chirac ou de Nicolas Sarkozy, la droite de la justice, du mérite et de la récompense du travail », on ne sait pas s’il faut en rire ou lui botter les miches… Pour appuyer ses propres ambitions – car il roule pour lui, ce que même Wauquiez a compris – il a créé, après la Droite forte (bel oxymore soit dit en passant) naguère, un groupuscule baptisé Les Populaires. Là encore, on est prié de ne pas s’esclaffer…
Photo : Quand Peltier roulait des mécaniques dans Reconquête…