Le magazine Le 1 va au Boxsons, stalinophère.com

Dans son numéro 188 daté du mercredi 7 février 2018, le magazine Le 1, dont la particularité est de consacrer chaque semaine ses pages à un thème unique, s’est associé au récent Boxsons de Pascale Clark. Au menu ? Une ode sur le thème : la migration est l’avenir de l’Homme intitulée « Migrants, la grande hypocrisie ».

Petite piqure de rappel : Boxsons, au sujet duquel l’OJIM enquêtait dès août 2017, est un des nombreux médias récemment nés au sein de la stalinosphère. Créé par Pascale Clarke et Candice Marchal, Boxsons est l’outil militant de sa principale fondatrice, plus ou moins émancipée des principaux médias libéraux libertaires où elle a travaillé de longues années durant. Le site d’information (dans la stalinosphère, on ne parle jamais de « réinformation » car dans ces lieux l’information est pure comme de la blanche neige) se veut novateur : une plateforme de podcasts proposant des « sons », une « boîte de sons » ou de reportages, souvent au long cours, un peu comme ce que l’on peut écouter sur les ondes de Radio France avec Sur les Docks. L’idée n’est pas venue seule à Pascale Clarke. Des reportages généralement en plusieurs épisodes, de type récits, appuyés sur des témoignages. Boxsons veut ainsi être à la radio, ou à la webradio, ce que des revues comme XXI sont à la presse. En soi, l’idée est intéressante.

Concrètement, la rumeur n’indique pas que Boxsons soit une grande réussite, tant son audience semble limitée. Qui a entendu parler de ce Boxsons ? Au début, un peu : Pascale Clarke n’étant pas sans nombreuses amitiés au cœur de la bobosphère radiophonique parisienne a bénéficié de moults appuis, des radios publiques comme France Inter ou France Culture au Monde et Libération. La voix de Pascale Clarke passait pour être célèbre, au moins dans les studios, célébrité qui plus est accentuée par certains choix, comme celui de mettre en avant des chroniqueurs, alors unanimement salués comme talentueux dans ces milieux, comme Mehdi Meklat.

C’est alors que le magazine Le 1 vint

Payant, le média paraît avoir du mal à trouver son public. Heureusement, Éric Fottorino, à la carrière tout aussi foisonnante que sa complice Clarke, veillait. Son magazine Le 1, plutôt bien diffusé en kiosques et maisons de la presse, fortement soutenu par tout ce qui aide dans le Camp du Bien médiatique, les Centres de Documentation des Lycées ou les médiathèques par exemple, s’est décidé à ceci, d’après sa couverture : « Pour faire entendre d’autres voix sur la question des migrants, Le 1 s’est associé cette semaine à Boxsons Radio (ici, l’adresse du site de Pascale Clarke est indiquée), un média indépendant de reportage sonore créé par Pascale Clarke et Candice Marchal, qui raconte l’actualité à hauteur de femmes et d’hommes, en privilégiant le terrain et le temps long », dont un reportage de Pascale Clarke mis en ligne sur le site de l’hebdomadaire en même temps que sur celui de Boxsons, au sujet de « Français pris en flagrant délit d’aide aux migrants ».

Une opération pour le moins osée, pour plusieurs raisons : la publicité amicale a beau se vouloir discrète, elle saute aux yeux tant cela s’apparente à une tentative de sauvetage en mer d’indifférence publique, concernant Boxsons ; la volonté de faire entendre « d’autres voix » est d’un humour discutable, bien que sans doute volontaire : la voix qui s’entend massivement dans les médias officiels, auxquels Clarke et Fottorino appartiennent depuis le biberon journalistique, malgré leurs cris d’indépendance, est la même que la leur, une voix pro-migrations basée sur une morale faisant fi des réalités concrètes du monde en général, de la France en particulier ; l’exergue habituel du magazine Le 1 indique : « Chaque semaine, une question d’actualité, plusieurs regards », autrement dit, un hebdomadaire de débat démocratique, ce que revendiquent d’ailleurs haut et fort tant Clarke que Fottorino depuis plusieurs décennies – d’être des journalistes militant pour le débat démocratique, c’est-à-dire, dans le langage des eaux où ils nagent, contre tout ce qui peut être affublé de près ou de loin du mot « droite » ou « enraciné ».

Pour le débat, tu repasseras mon pote

Sans doute s’agit-il de dire « plusieurs regards » dans le sens de « plusieurs personnes qui regardent » car ce numéro 188 consacré au thème « Migrants, la grande hypocrisie » ne propose qu’un seul angle de vue, même s’il est porté par de nombreux intervenants. Un angle qui est celui du cœur du Paris de la communication médiatico-politique. Aucun n’intervenant ne porte la parole de la masse des Français qui exprime, quand elle le peut, un ras-le-bol évident des politiques migratoires bien pensantes soutenues par des médias tels que Boxsons ou Le 1. Dans ce monde-là des médias, le débat démocratique est un entre-soi.

On retrouvera dont Pascale Clarke, le sociologue Éric Fassin, toujours prêt pour la Cause, en général sur la barricade de France Culture vers midi, qui explique ici que « notre dispositif d’accueil des migrants est très déficient »(sic), sans doute si on le compare à celui de la majorité des autres pays du monde, Éric Fottorino qui lance une sorte d’appel, « Tous hors-la-loi », se voulant émouvant mais qui n’échappe pas au ton larmoyant habituel en ces matières, le photographe Samuel Gratacap qui évoque « Ce que l’Europe refuse de voir », forcément, il faut bien un grand méchant coupable, Philippe Meyer (ah… la radio publique, là aussi) qui a de « mauvaises pensées » en voyant dans les migrants un « drame » parmi les nombreux autres drames actuels, le seul angle un peu, un petit peu, différent du numéro, et surtout un énorme reportage en forme de poster signé Manon Paulic, « Des parcours des combattants », dont le titre dit le ton.

La journaliste suit les migrants depuis la vallée de la Roya jusqu’aux refuges parisiens, dans le but de comprendre en quoi ils sont victimes de la « complexité du droit d’asile européen ». Un observateur attentif pourrait penser que les migrants sont victimes de l’incurie de leurs gouvernements et de leurs sociétés civiles par exemple, ou bien des multiples retards qui caractérisent une grande partie du monde non occidental sur tous les plans, à commencer par celui de l’eau potable ou du droit des femmes, y compris dans des pays ayant entre 5 et 8 % de croissance économique annuels, mais ce n’est pas l’angle de vue de cet hebdomadaire. Ici, ce qui prime, c’est la repentance européenne : tous hors-la-loi, dit Fottorino, tous européo-coupables, disent en substance la majeure partie des articles. Sans cette image de l’Europe et ses habitants comme coupables, ce serait plus compliqué pour Le 1 ou Boxsons, il faudrait… réfléchir à d’autres culpabilités potentielles. Celles des élites politiques des pays d’origine des clandestins par exemple. Attendons un reportage dans Le 1 et Boxsons…

Lu sur l’OJIM

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