On juge bien durement à droite François Hollande. Il est vrai qu’il est facile de critiquer l’adversaire, plus difficile de critiquer son propre camp. Comme on sait, je réserve mes critiques à mon camp : il est, en effet, important de recadrer ses troupes avant l’assaut.
Et en ce qui concerne François Hollande, je lui trouve, moi, quelques bonnes qualités dont je ferai ici même la ponctuelle énumération.
Hollande s’est mis tout le monde à dos dans son camp et son parti, ce qui n’est pas un mince exploit quand on est au pouvoir. Il est maladroit, fainéant, mal élevé aussi, et il a affaibli le Parti socialiste et son ubuesque gauche plurielle.
Hollande incarne à la perfection notre bourgeoisie sauvage qui se fout de tout et se marre tout le temps, qui ne comprend rien à ce qui se passe en France depuis quarante ans (selon Zemmour) – depuis 1870 (en réalité). Le règlement de comptes de sa concubine mérite de rester dans les annales de notre littérature rose.
Il incarne aussi, notre Président professeur d’éco, cette cuistrerie à la française dont Molière avait fait ses choux gras il y a déjà quatre siècles ou presque. Hollande est le pédant, le sot savant, celui qui – disait Bergson – veut en remontrer à la nature. On voit le résultat.
Hollande vient de Sciences Po, qui est la plus grande machine de guerre froide inventée contre la France par les libéraux d’alors, d’ailleurs après la terrible épreuve de 1870-1871. J’y ai passé des heures dignes de Prométhée sur le mont Caucase au milieu des années 80, découvrant que nos élites bourgeoises étaient socialistes et américanisées. La France aussi était la grande oubliée de cet enseignement à la Fukuyama.
François Hollande, ensuite, est tombé de bien haut. Le cuistre Piketty, un temps à la mode sur la côte est en Amérique, l’avait comparé en 2012 à un Roosevelt sauveur venant rédimer le monde de la Bourse et de l’économie. Il oubliait sans doute les commentaires peu amènes du grand Alfred Sauvy sur le bilan étriqué du New Deal (il a fallu la guerre européenne pour sortir de cette crise… américaine). On retrouve notre Roosevelt de pacotille en coûteux messie de nos économistes de gauche « exilé sur le sol au milieu des huées ».
Hollande a fait doubler le nombre de voix du Front national. Celui-ci devrait quand même avoir la reconnaissance du ventre : en 2007, Jean-Marie Le Pen était tombé à 11 % ; en 2012, le FN en était à 16 % ; et il en est à 25 % en attendant mieux.
Enfin, Hollande a jeté les Français dans la rue avec des lois inutilement provocatrices. Il a réveillé la colère du ventre français bien endormi depuis la loi Veil, et ce, malgré la trahison des partis et du clergé. Hollande a fait bouillir la marmite et exploser le chaudron gaulois.
Et de cet exploit, on ne peut que le remercier et le féliciter.