Par Charles Chaleyat
Et bien non, vous avez tout faux ! A l’imitation des efforts déployés par les nazis pendant la IIème guerre mondiale, pour prouver l’antériorité du peuplement germanique de certaines régions, surtout celles rattachées au Reich comme l’Alsace et la Lorraine (le mur cyclopéen du Mont Sainte Odile, les écritures de Glozel, les gravures de Gavrinis sont mis à contribution par l’Ahnenerbe de la SS ou l’AMT de Rosenberg), on découvre aujourd’hui, grâce à France télévision, un habile montage d’éléments divers aussi variés que dispersés et rares pour nous parler, comme d’une évidence, de Nos ancêtres Sarrasins. Avant toute chose, l’appellation elle-même pose problème puisque le mot ‘sarrasin’ recouvre très probablement des Berbères, des Arabes et quelques autres… attirés par le pillage et le viol. Ce ne sont pas les traces archéologiques (amphores ou poteries), ni les textes ni les quelques remarques justifiées sur Averroès ou Copernic qui suffisent à convaincre que nous descendrions de peuples musulmans venus en grand nombre du Maghreb et collectivement appelés Sarrasin !Le titre est clairement abusif et donc très clairement politique dans l’atmosphère actuelle des problèmes posés par l’islam.
Si les Sarrasins sont venus en France comme prolongement de la conquête arabo-musulmanne partie d’Arabie et ont forcément laissé des traces selon la durée de leur présence, on est loin d’un peuplement qui serait constitutif de la population des provinces sud de la France de l’époque, d’autant que l’objectif des envahisseurs restait le pillage, l’esclavage et le pouvoir sur les peuples envahis. Les quelques établissements que ces envahisseurs possédèrent ne durèrent pas longtemps sauf peut-être Fraxinetum (près de La Garde-Freinet), encore mal localisé d’ailleurs, ce qui prouve la mince empreinte de ces barbares…
Quant à l’import de familles du Maghreb, s’il a eu lieu, il a disparu, fondu dans l’ensemble provençal, laissant des traces dans l’artisanat comme plus tard le commerce en laissa entre deux périodes guerrières… Les invasions germaniques d’ailleurs, quoique plus importantes, n’ont d’ailleurs pas modifié le fonds essentiellement gallo-romain de la Gaule tout en fournissant des mots à la langue, des objets en quantité et des chefs qui, adoptèrent la culture en place et plus tard, grâce à l’un d’entre eux, baptisé à Reims, donnèrent au pays conquis un nom qui devait traverser les siècles : la France.
Différemment et en accord avec les exemples sanglants de l’histoire ancienne (15 siècles de conflits + les barbaresques), voire actuelle (Irak, Lybie, Syrie), l’invasion ‘arabo-musulmanne’ de la France (deux siècles environ) a laissé plus de souvenirs brutaux que de gentils civilisateurs, quoique en pensent ceux qui mélenchonnent…
