Voilà pourquoi les Français n’ont plus confiance en la justice!

Avant, il y avait la loi ; le citoyen était prié de la respecter ; le tribunal avait pour mission d’en vérifier la bonne application. Tout cela vient de voler en éclats, dans l’indifférence absolue et le silence de tout le monde. Désormais, il y a le comportement des gens qui font ce qu’ils veulent, comme ils veulent et quand ils veulent. Puis il y a le juge qui dit : « Ouaip ! Ce que tu fais, c’est dans l’air du temps ! C’est bien ! » Et puis derrière, loin derrière, la loi, dont tout le monde est invité, par le juge suprême, à se foutre.
J’exagère ? Jugez plutôt.

Un journal rapporte la relation extra-conjugale d’un homme connu, marié, père de quatre enfants, avec une femme connue. Inutile de donner les noms, cela affadirait la démonstration. L’adultère est évoqué dans un journal « pipeule ». Estimant que cette divulgation porte « une grave atteinte à son honneur et à sa réputation », l’homme attaque le journal en diffamation. L’affaire va en cassation. Le 17 décembre dernier, la Cour de cassation – plus haute juridiction française – rend son arrêt. Quelle que soit la véracité des faits, il ne saurait y avoir diffamation car – tenez-vous bien, c’est là que ça croustille – « l’évolution des mœurs comme celle des conceptions morales ne permet plus de considérer l’infidélité conjugale comme contraire à la représentation commune de la morale, dans la société contemporaine ».
En langage simple, le juge suprême nous dit : la loi – en l’occurrence l’article 212 du Code civil : « Les époux se doivent mutuellement respect, fidélité, secours, assistance » -, on n’en a rien à faire ; les mœurs ont changé, l’adultère n’est plus un délit depuis longtemps et la fidélité conjugale, on s’en fiche.

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Ils sont cinglés, ces juges ! Dans les quartiers nord de Marseille, ou à la Goutte-d’Or, le trafic de stup’, l’assassinat, le vol à main armée, tout cela est monnaie courante, habituel : cette « évolution des mœurs » ne permet donc plus de considérer ces actes comme contraires à la morale publique. Alors, allons-y gaiement ! Les viols dans le RER ? Kif-kif. Les attaques de petites vieilles ? Pareil.
Qu’est-ce qu’il leur prend ? Le mortier de travers, le front suant, la lippe libidineuse, la robe à hermine entrouverte, ils ont des comptes à régler avec la fidélité conjugale ? On ne leur demande rien, et surtout pas de faire la loi. Il ne leur appartient pas de trier, dans la loi, ce qui est applicable et ce qui ne l’est pas. Il y a excès de pouvoir. Qui va les traduire en justice ? Qui va les démettre de leurs fonctions pour mauvais services rendus au pays ? Je n’ai pas entendu hurler le législateur. Les conséquences juridiques prévisibles de cet arrêt « de plumard » sont incalculables. Et, une fois encore, le peuple n’a pas son mot à dire.

Il y a deux mille ans, Juvénal posait la question : « Quis custodiet ipsos custodes ? » Oui ! « Qui gardera les gardiens ? » Lorsque les gardiens de la loi – on les appelle des juges – piétinent la loi, comment demander au citoyen de s’y conformer ? C’est cela, une révolution. Et dire qu’elle part d’un bâtiment nommé « palais de justice »… !

Yannik Chauvin – Boulevard Voltaire

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