C’est donc Jean-Jacques Urvoas, député de Quimper (PS), et président de la commission des lois à l’Assemblée nationale, qui a été nommé le mercredi 27 janvier 2015 garde des Sceaux en remplacement de Christiane Taubira démissionnaire. Un succès pour Jean-Jacques Urvoas, qui rêvait depuis toujours d’obtenir un maroquin. A défaut de l’Intérieur, ce sera donc la Justice.
Ce spécialiste des questions de sécurité s’était distingué à l’Assemblée nationale par son soutien sans condition à la loi sur le renseignement. Arrivé au gouvernement, Jean-Jacques Urvoas défendra sans état d’âme le projet de révision constitutionnelle de François Hollande.
En 2015, alors qu’il se trouvait en première ligne grâce à la loi sur le renseignement dont il était le rapporteur, Libération (5 mai 2015) avait dressé son portrait : « A Quimper, où Urvoas vit, ses équipes saluent sa « probité», et sa « pratique moderne de la politique ». Jean-Jacques Urvoas est contre le cumul des mandats. Il n’a jamais joué le people en ramenant sa famille à des sauteries politiques. « Il est un peu hors sol, estime Ludovic Jolivet, le maire UMP de Quimper. Pour lui, un député n’est pas là pour distribuer les coupes dans les courses cyclistes. ». Depuis ses 18 ans, Urvoas a adhéré trois fois au PS, qu’il a donc quitté deux fois, « Je m’emmerdais » (…). En 1989, il revient une bonne fois pour toute au PS quand il est embauché comme directeur de cabinet de l’ancien maire socialiste de Quimper, Bernard Poignant. Son métier pendant dix ans ».
« On ne lui a connu que deux talons d’Achille. La chute de DSK, bien sûr et l’échec du rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne, lors de la réforme territoriale, ensuite. « Pour la première fois, je l’ai vu ne pas trouver les arguments. Il était désespéré », témoigne Dominique Raimbourg (PS), député de Nantes Rezé. ».
A cette occasion, il essuya deux sévères défaites. Non seulement il ne parvint pas à obtenir la réunification, mais encore il échoua à obtenir l’assouplissement du droit de veto, c’est-à-dire la possibilité offerte à un département de changer de région.
Avec la loi sur le renseignement, Jean-Jacques Urvoas avait changé son fusil d’épaule. Avant-hier grand ami des « associations de défense des libertés publiques » – au point de verser 15 000 € de sa réserve parlementaire à l’Observatoire international des prisons – Urvoas avait réussi à bloquer un amendement présenté par Christiane Taubira visant à empêcher que les services de renseignement pénitentiaire ne se transforment en bureau d’espionnage dans les cellules. L’amendement Taubira avait été sèchement retoqué par une coalition de députés UMP et PS, conduite par… Jean-Jacques Urvoas.
« Urvoas, on l’a connu fricotant sans cesse avec l’Observatoire des prisons et le Syndicat de la magistrature, avec des positions quasi gauchistes ! Il a retourné sa veste … Il est le toutou de Valls », avait commenté à l’époque un conseiller – peu charitable – de Christiane Taubira (Le Canard enchaîné, 22 avril 2015).
Réponse d’Urvoas : « J’ai le sentiment d’être cohérent, on plaque sur moi le prisme de Manuel Valls parce que c’est un copain. Je ne suis pas un affidé de Valls, je suis loyal. » (Libération, 5 mai 2015). Sûr, avec Urvoas à la Justice, Manuel Valls pourra dormir tranquille.
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