L’intouchable Taubira…

Fort de la (relative) confiance retrouvée des Français, ce gouvernement s’agite et se bouge. C’est très net. On apprend ainsi que 80 fouilles viennent d’être menées dans des cellules d’islamistes radicaux. Et qu’ont-elles permis de découvrir ? Des téléphones portables, des cartes SIM, des clés USB. Notamment chez quelques « cerveaux » du terrorisme islamique, comme Djamel Beghal, mentor des frères Kouachi et de Coulibaly.

RTL.fr parle de « saisies hallucinantes », et de « découvertes qui interrogent ». C’est bien cela. On hallucine et on s’interroge.
On « s’interroge » – comment dire ? – sur le temps qui passe. Le gouvernement est comme la tortue de la fable : il se hâte avec lenteur. Il va son train de sénateur. Car, enfin, n’était-ce pas fin décembre, soit quelques-jours avant les attentats de Charlie Hebdo, que le journal La Provence, relayé ensuite par la presse nationale, avait révélé l’existence d’une page Facebook sur laquelle des prisonniers, via de riants selfies, montraient téléphones portables, drogue et liasses de billets ? N’est-ce pas à cette occasion que l’on avait pu lire les témoignages impuissants et écœurés du personnel pénitentiaire à travers toute la France : « Ils ont tous des téléphones portables […] ce n’est plus une prison, c’est un centre de vacances » (La Provence). Ou encore : « Ce que l’on voit sur la page Facebook des détenus des Baumettes n’est pas un cas isolé. La drogue, les téléphones portables ou les liasses de billets, j’en ai vu des tas » (Le Plus, Nouvel Obs).

On « hallucine » de constater qu’en haut lieu, personne ne semble s’être dit à ce moment précis qu’il était temps de faire un grand ménage. Que, possiblement, les portables et la connexion Internet pouvaient avoir un autre usage que celui d’alimenter une gentille petite page Facebook de prisonniers potaches, expansifs comme des lectrices de Femme actuelle, partageant un cliché de leur joint comme d’autres de leur tarte au citron ? Il aura donc fallu attendre un mois et 14 morts pour qu’ait lieu l’éclair de génie : « Si l’on retournait les cellules des islamistes ? Si eux aussi avaient des portables, Internet ? Et pas seulement pour poster des selfies entre barbus ? »
Et si ces 80 fouilles avaient eu lieu AVANT l’attentat ? Si on avait écouté, dès fin décembre, les matons : « Le ministère de la Justice, comme l’administration pénitentiaire, jouent les hypocrites en se déclarant outrée (sic) par ces images [sur Facebook], mais en réalité nous n’avons jamais cessé de montrer du doigt les trop nombreux dysfonctionnements de nos prisons. Aujourd’hui, ils font intégralement partie de notre quotidien » (Le Plus, Nouvel Obs). Si, Djamel Beghal ne pouvant plus communiquer avec l’extérieur, le cours des événements s’en était trouvé changé ?
Surtout, on « s’interroge » sur Christiane Taubira. Et quand tout montre que l’institution judiciaire est au cœur du réacteur, on « hallucine » de la voir encore garde des Sceaux. Impassible. Intouchable. Imperméable aux événements. Incapable de la moindre remise en cause. Il y a longtemps, sous un autre gouvernement socialiste, pour une autre affaire de contagion terrifiante que l’on n’avait pas voulu voir, une autre femme ministre s’était attiré l’ire de l’opinion publique par un « responsable mais pas coupable ». Mais le demi-mea culpa de Georgina, à côté du « nada » de Taubira, c’était déjà ça.

Lu sur Boulevard Voltaire

Related Articles