Le clash Macron/Trump, c’est un peu comme celui qui oppose Booba et Kaaris : de ces deux présidents rappeurs, on ne sait plus trop bien lequel a commencé à broyer la main de l’autre et à lancer la rime qui tue. Bon, un peu Emmanuel quand même qui ouvre les hostilités contre Donald en raillant son « Make America Great Again », sur le mode « Make Our Planet Great Again ». Le featuring de Snoop Macron n’a été que peu apprécié par MC Trump.
Du coup, ce dernier tweete velu sur les réseaux sociaux. Le 13 novembre dernier : « Le problème est qu’Emmanuel Macron souffre d’une très faible cote de popularité en France, 26 % et un taux de chômage à près de 10 %. » Et rebelote dans la foulée : « MAKE FRANCE GREAT AGAIN ! » Le tout en majuscules, if you please.
Si Trump a le clash façon bulldozer, Macron, lui, serait plutôt du genre à retenir ses coups, à la jouer fourbe. À l’occasion des commémorations du centenaire de la fin de la Première guerre mondiale, il évoque la possibilité d’une future armée européenne qui ne serait plus sous tutelle américano-otanesque. Au coup de boule, il répond donc par le croche-pied tout en agitant le chiffon rouge devant le bison étatsunien.
Toujours ce même 13 novembre 2018, journée décidément faste pour les joutes en moins de 240 caractères : « Emmanuel Macron a suggéré la création de leur propre armée pour protéger l’Europe contre les États-Unis, la Chine et la Russie. Mais c’était l’Allemagne dans la Première et la Seconde guerre mondiale. Comment ça a marché pour la France ? Ils commençaient à apprendre l’allemand à Paris avant que les États-Unis n’arrivent. »
Oui, oui, on sait… « Si les Ricains n’étaient pas là. Vous seriez tous en Germanie. À parler je ne sais quoi. À saluer je ne sais qui. » C’est beau comme du Michel Sardou qui, lui, n’est pas rappeur, mais historien et philosophe. Enfin, c’est ce que les milieux conservateurs français ont longtemps prétendu. Mais comme si cela ne suffisait pas, le furieux de la Maison-Blanche montre qu’il en a encore sous la pédale, en s’attaquant à ce qu’il y a de plus sacré dans notre pays : le pinard.
Ainsi : « La France fait de l’excellent vin, mais les États-Unis aussi. [Comme Félicie ? NDLR] Le problème est qu’il est très difficile de vendre du vin américain en France, avec des tarifs douaniers élevés. [La preuve que nous ne sommes pas encore totalement foutus ? NDLR bis] Pendant ce temps, il est facile de vendre du vin français aux États-Unis, avec de faibles tarifs douaniers. Ce n’est pas juste et cela doit changer. »
Une nouvelle fois, Emmanuel Macron pratique l’esquive. Son homologue fait mine de soutenir les gilets jaunes tout en s’en prenant à notre gros rouge, il se contente d’un laconique : « Je préfère avoir une discussion directe que de faire ma diplomatie par des tweets. » Et d’enfoncer le clou en précisant qu’« à chaque grand moment de notre histoire, nous avons été des alliés et entre alliés, on se doit le respect. » Le tout prononcé à l’occasion d’une conférence de presse tenue le 14 novembre dernier, sur le porte-avions Charles-de-Gaulle ; plus jupitérien, on ne fait pas.
Le clash aurait pu en rester là si le pétulant président n’avait annoncé, dans la foulée, le retrait des troupes américaines de Syrie. Alors qu’il s’apprête à réveillonner avec nos soldats basés au Tchad, Macron a donc fait monter la pression en affirmant, lors d’une nouvelle conférence de presse : « Un allié doit être fiable. (…) Être allié, c’est combattre épaule contre épaule. » Et regarder ensemble dans la même direction ? Les histoires d’amour finissent mal en général et le couple franco-américain bat manifestement de l’aile. Remarquez, au début de leur story, Booba et Kaaris étaient comme cul et sweatshirt. On a vu de quelle manière l’idylle a fini. Ce n’était pas la vaisselle qu’ils se lançaient à la face, dans la cuisine conjugale ; mais des flacons de parfum dans un duty-free d’aéroport.
En attendant le fight final entre Emmanuel Trump et Donald Macron ? Le premier qui étale l’autre à coups de sacs à main aura gagné.
Nicolas Gauthier – Boulevard voltaire