L’imam controversé, connu pour des prêches radicaux, a été récompensé par un diplôme universitaire à Rennes, lui permettant de devenir «référent laïcité» dans divers domaines professionnels et associatifs. Des commentateurs s’en sont scandalisés.
Il a défendu un islam ultraconservateur et souvent considéré comme proche du salafisme : l’imam de Brest Rachid El Jay, connu sous le nom de Rachid Abou Houdeyfa.
s’est-il racheté une conduite ? Il vient en tout cas d’être diplômé par l’université de droit à Rennes 1 en «Religions, droit et vie sociale».
L’université Rennes 1 précise qu’avec l’obtention de ce diplôme, Rachid Abou Houdeyfa pourra désormais être l’un «des référents laïcité dans divers domaines de la vie professionnelle ou associative». «Ces référents peuvent être amenés à éclairer, du point de vue du droit, de multiples situations quotidiennes où la question religieuse est susceptible de croiser les règles de l’Etat républicain et laïc», précise l’établissement.
En septembre 2016, l’imam entamait ce cursus universitaire, selon des informations rapportées par Libération, afin de «se conformer aux règles de la laïcité et du vivre ensemble français». «Soutenus par le ministère de l’Intérieur, ces [diplômes universitaires] sont l’une des actions promues par le gouvernement pour rendre “républicano-compatibles” les imams des mosquées françaises», affirmait le quotidien.
Après un an de cursus, Rachid Abou Houdeyfa ne cache pas sa satisfaction de recevoir ce diplôme universitaire : «C’est un diplôme que l’on demande pour celles et ceux qui désirent être, entre autres, aumôniers dans les hôpitaux, aumôniers dans les prisons. C’est un diplôme intéressant dans le sens où aujourd’hui on entend un peu parler de la laïcité à toutes les sauces», assure l’imam, qui affirme avoir reçu son diplôme avec la mention «bien».
Dr. Jekyll et Mr. Hyde ?
Néanmoins, un certain nombre d’intellectuels et responsables politiques ne voient dans ce projet universitaire qu’une façade provisoire, qui cacherait la véritable identité du religieux.
Ainsi, l’écrivain palestinien Waleed Al-Husseini, auteur d’Une trahison française, ouvrage dans lequel il défend avec vigueur la laïcité et critique la religion islamique, s’étonne qu’un individu qui «justifiait le viol de femmes non-voilées» reçoive un «diplôme de laïcité».
C’est donc un intégriste qui sera référent laïcité ?
Lydia Guirous, porte-parole des Républicains, interpelle le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, en questionnant : «C’est donc un intégriste qui sera référent laïcité ?»
Du côté du Front national (FN), le président du groupe au Conseil régional de Bretagne, Gilles Pennelle, se demande : «Comment ne pas reconnaître que notre République est gangrenée quand un prédicateur islamiste à l’image du sulfureux imam de Brest se voit délivrer un diplôme de “laïcité” ?»
Fortement inquiété après les attentats de 2015, sa mosquée subissant une perquisition, Rachid Abou Houdeyfa, est une personnalité qui fait polémique depuis plusieurs années.
L’ancien président de la République, François Hollande, avait même fait référence à Rachid Abou Houdeyfa : «Il est Français, il ne peut pas être expulsé, mais son lieu de prière […] ce lieu de haine, a été fermé», avait-il déclaré en avril 2016 sur France 2.
La haine dont il est question ici découle des nombreux prêches que Rachid Abou Houdeyfa diffusait abondamment sur internet. Entre autres exemples, en 2012, il avait déclaré : «Si la femme sort sans honneur, qu’elle ne s’étonne pas que les hommes abusent de cette femme-là.» En 2015, il avait affirmé dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux que la musique était prohibée par l’islam et que Dieu pouvait transformer ceux qui l’écoutaient en porcs ou en singes.