Qui osera prétendre que les peuples nordiques et protestants peuvent manquer d’imagination et, éventuellement, d’un indéniable bon sens ? La Norvège, ainsi, vient de mettre en place un programme destiné aux migrants mâles venus d’Orient et professant, généralement, la religion musulmane. À en croire le site du Figaro, il s’agirait pour ces derniers de ne pas tomber en syncope devant le spectacle « d’une femme en tenue légère buvant de l’alcool et embrassant une autre personne dans un bar ». Mais, toujours à en croire le même quotidien, « pour le migrant Abdu Osman Kelifa [venu d’Érythrée et à l’origine interrogé par le New York Times], seules les prostituées se comportent ainsi dans son pays. »
Voilà qui n’est pas faux, tout comme il est vrai qu’il n’y a pas si longtemps, et ce, sous nos latitudes, pareil comportement aurait causé un assez joli scandale : les Françaises qui fumaient dans la rue, sortaient « en cheveux » (tel qu’on disait alors), chiquaient des bières au comptoir de rades plus ou moins bien fréquentés, étaient tenues pour des prostiputes…
De même, ce programme destiné à ces centaines de milliers d’immigrés, affluant, façon Camp des saints de Jean Raspail, en nos vertes contrées, assure que « forcer quelqu’un à avoir un rapport sexuel n’est pas autorisé en Norvège, même si vous êtes marié à cette personne ».
Fort bien, mais il n’est pas loin, le temps où l’Église se faisait fort d’inculquer aux épouses ce fameux « devoir conjugal »… Un peu comme le service militaire. On n’avait pas forcément envie d’y aller, mais il fallait malgré tout passer à la casserole. Et faire semblant de dire que ça faisait du bien par là où ça passait.
Plus intéressant, cet aveu du même Abdu Osman Kelifa : « Les hommes sont faibles et quand ils voient quelqu’un qui leur sourit, c’est difficile de se contrôler. » Bref, si l’on résume le logiciel : les femmes ne seraient que roulures à saillir et les hommes, pires que des bêtes, incapables de contenir leurs transports plus ou moins amoureux… À croire que les femmes ne seraient que des chèvres en chaleur et les hommes des boucs en rut. Concept qui fit récemment bondir l’imam Tareq Oubrou, lors d’une université d’été de Fils de France, l’association franco-musulmane de Camel Bechikh, désormais bien connu de nos lecteurs, là où étaient conviées des personnalités telles qu’Alain de Benoist et Jean Sévillia : « Ramener l’être humain à sa seule condition animale et à sa seule fonction reproductrice n’est pas très islamique… »
Dans le même temps, le BHV parisien fait la promotion de trois flacons de liquide vaisselle, fort des trois slogans publicitaires qui suivent : « Il faut pomper pour que ça gicle » ; « C’est connu, le plaisir vient en astiquant » ; « Ne pas avaler ? Zut, pour une fois que j’étais d’accord ! » La classe.
Et voilà qui pose un autre problème : quelle place pour les femmes en nos sociétés de plus en plus mondialisées et dans lesquelles les cultures s’entrechoquent au gré de migrations de masse ? Est-il plus vertueux de les voiler que de les dénuder pour vendre yaourts, parfums et bagnoles de luxe ? Bref, pour reprendre les propos d’Alain de Benoist, entre trop plein de religion et vide spirituel, existe-t-il encore une voie médiane ?
Autrefois, en France, il y avait l’amour courtois, la carte du Tendre et même une saine gauloiserie. Aujourd’hui, nous en sommes réduits à poser notre séant entre deux chaises, entre débauche et puritanisme, les deux faces d’une unique pièce, à la fois hypocrite et pudibonde.
Le génie français a longtemps consisté à tenir ces deux périls à équidistance. Jusqu’à quand ?