De l’inconvénient d’être la mère d’une jolie fille de 18 ans, danseuse classique, d’en avoir près de cinquante, d’en vouloir au monde entier sans vouloir d’abord se l’avouer…
Bonne surprise que cette comédie ! Que, honnêtement, la bande annonce ne laisserait pas forcément présager. Nathalie Pêcheux, professeur de lettres en prépa, divorcée, se met un beau jour – pas si beau pour elle – à expérimenter le démon de la jalousie et une exaspération maladive, y compris dans les domaines les plus insolites : elle peut aussi bien annuler le voyage aux Maldives de son ex-mari et de sa nouvelle compagne que refuser de prêter son sel à ses voisins de palier. En amour et en amitié aussi, elle paye les frais de cette méchanceté en liberté. Cela ne lui ressemble pas, et elle le sait, ce qui fait qu’elle vit cette crise comme une véritable dépossession. On la suit donc dans cette bataille engagée contre elle-même, bataille qui n’est pas gagnée d’avance.
L’intérêt du film vient sans doute, hormis l’indéniable talent de Karin Viard, de la dérision que l’héroïne garde pourtant sur elle-même. Malgré les coups bas, certains franchement honteux, on ne peut s’empêcher de s’attacher à cette femme ; et si la jalousie reste un méchant défaut, on aurait presque envie de se laisser tenter…
« Je vais avoir cinquante ans, est-il possible ! », écrivait déjà Stendhal en son temps. Sa collègue, par cette sorte de catharsis, va finalement trouver une nouvelle saveur à l’existence. Et si, en fin de compte, cette initiation tardive était le prix de la sagesse ? Jaloux, prenez rendez-vous !
Raphaëlle Renoir – Présent