Le Grand Orient de France (GODF) a lancé samedi soir à Lille une campagne publique contre «la dangereuse résurgence de l’antimaçonnisme» à travers un cycle de conférences dans huit villes françaises, a constaté l’AFP. «L’antimaçonnisme est aujourd’hui avec l’antisémitisme et l’homophobie l’un des trois symptômes de la crise de la République», a expliqué Daniel Keller, grand maître du GODF depuis l’été 2013. «Nous avons décidé de prendre l’antimaçonnisme à bras le corps, d’abord pour le démystifier et puis pour montrer en quoi il était une menace pour les fondements de la République», a-t-il ajouté.
Dans le temple maçonnique situé dans le Vieux-Lille, construit il y a tout juste un siècle, environ 150 personnes ont suivi la conférence sur l’antimaçonnisme du XVIIIe siècle à nos jours. Plus d’un tiers des personnes présentes ne faisaient pas partie de l’obédience, a confié un habitué des lieux. Plus que la bulle papale de Clément XII en 1738, le véritable début de l’antimaçonnisme date de la publication des «Mémoires pour servir à l’histoire du jacobinisme» par l’abbé Barruel à la fin du XVIIIe, a expliqué le philosophe Daniel Morfouace.
160.000 Français appartiennent à des loges maçonniques
Un «climat épouvantable» a régné dans les années 1930 en France pour les maçons avec un projet de loi déposé en 1934 par quatre parlementaires pour son interdiction, finalement rejeté, selon l’historien Yves Hivert-Messeca. La franc-maçonnerie sera mise hors la loi quelques années plus tard par le régime de Vichy. Selon le troisième intervenant, le journaliste Jiri Pragman, «2014 n’est certes pas 1934 ou 1940, mais il y a une résurgence de l’antimaçonnisme», venant des milieux catholiques hostiles au mariage pour tous, des évangélistes, des musulmans et plus généralement d’internet et des réseaux sociaux. «Tapez sur google +la franc-maçonnerie est une…+vous verrez que le moteur de recherche propose notamment +une secte satanique+», a expliqué Jiri Pragman, preuve à l’appui.
«Nous avons régulièrement des temples qui sont tagués dans différentes villes de France», a souligné Daniel Keller, qui a fait part du désir d’ouverture de son obédience, qui compte 50.000 membres répartis dans 1.200 loges. «La maçonnerie ne travaille pas repliée dans ses temples, à l’insu de tout le monde. Nous faisons la démonstration à travers des manifestations comme celle là que nous travaillons à visage découvert avec les portes ouvertes», a-t-il ajouté, plaidant pour «la régénérescence de la République». Jusqu’en mai, ce cycle de conférence doit se poursuivre à Strasbourg, Lyon, Avignon, Toulouse, Bordeaux, Nantes et Rouen. Selon Daniel Keller, au total 160.000 Français appartiennent à des loges maçonniques de différentes obédiences, dont le GODF est la principale.