Mon petit doigt m’a dit (Vidéo)

Tous les amateurs – on a presque envie de dire : les fans – d’Agatha Christie connaissent le couple Tommy et Tuppence Beresford que l’on adopta dès le second roman de la Reine du crime, M. Brown, en 1922.

Ils se mariaient dans les dernières pages du roman et se juraient de faire de leur vie « une sacrée aventure ». Promesse tenue dans Le Crime est notre affaire (1929) et N ou M. ? (1941). Mais il faudra attendre 1967 – et la demande pressante de ses lecteurs – pour que Dame Christie les ressuscite, avec quelques années de plus, mais toujours le même punch, dans Mon petit doigt m’a dit et, une dernière fois, en 1973 (deux ans avant sa mort), dans Le Cheval à bascule.

C’est d’abord Mon petit doigt m’a dit qui retint l’attention de Pascal Thomas, très honnête cinéaste dans le champ d’épandage cinématographique français. Le titre original du livre est By the pricking of my thumbs, en référence à une incantation des sorcières de Macbeth. Une adaptation qui francisait les noms des deux héros : Bélisaire et Prudence (1), et les projetait à notre époque.

Ce fut une réussite. Parce que Pascal Thomas respecta l’esprit du roman et que les deux interprètes (Catherine Frot et André Dussolier) se coulèrent parfaitement dans les personnages créés par Agatha Christie.

En visite avec son mari dans une maison de retraite de Haute-Savoie, où vit la tante du colonel (de réserve) Beresford, Prudence rencontre une vieille dame, Rose Evangelista, qui semble n’avoir plus sa tête, mais qui parle d’une « malheureuse enfant » morte dans une cheminée. Quand les morts de vieilles dames (y compris la tante Ada) dans l’établissement commencent à dépasser la normale, Prudence se met en chasse. A ses risques et périls.

Débute alors une enquête compliquée à souhait où l’on rencontre un notaire véreux, une mystérieuse maison, un curé plus spiritueux que spirituel, une hôtelière trop jacasse, une vieille fille inquiétante, des paysages de montagne à couper le souffle.

Outre des dialogues savoureux, on s’était régalé à retrouver des acteurs trop rares, Laurent Terzief (disparu depuis), Françoise Seigner (elle aussi disparue depuis), Geneviève Bujold, Alexandra Stewart (pour qui j’avais une passion), Bernard Verley, et même Valérie Kaprisky, remarquable dans le rôle de la vieille fille hystérique.

(1) Il francise surtout le prénom de Tommy. Car le vrai prénom de Tuppence est bien Prudence comme il est indiqué dans M. Brown avec cette précision : « Miss Prudence Cowley, surnommée Tuppence par ses intimes pour d’obscures raisons. »

Alain Sanders – Présent

Related Articles