Le CESE, 3e assemblée de la République qui débat sur la liberté d’expression et la censure, c’est Pol Pot qui s’invite à un débat sur la démocratie, un karaoké entre Castro et Mao Tsé-toung sur le thème « Ma liberté » – pauvre Moustaki.
Rappel des faits, pour mieux mesurer le fossé entre le faites « ce pour quoi je débats sous les ors de la république » mais pas ce que je fais.
En pleine discussion sur le mariage homosexuel, les équipes de la Manif pour tous récoltent en février 2013, en moins de 3 semaines, près de 700.000 signatures, largement au-dessus des 500.000 nécessaires pour saisir le CESE .
Le CESE (Conseil économique, social et environnemental) allait pouvoir sortir de sa léthargie douillette pour tenter de prouver, aux citoyens qui financent par leur impôt son train de vie monarchique et ignorent souvent jusqu’à son existence, son utilité.
700.000 pétitions pour émettre un avis. C’est cher.
Avec en point de mire l’intérêt général, celui de l’enfant en l’occurrence. C’est du lourd.
Le 26 février 2013, le CESE déclarait pourtant cette pétition irrecevable, envoyant valdinguer les 700.000 signatures au motif que la saisine de cette institution pour avis sur un projet de loi relevait exclusivement du Premier ministre et ne pourrait être autorisée par voie de pétition.
Le CESE attendait donc d’être saisi par le Premier ministre pour rendre un avis sur le projet de loi de sa propre ministre Taubira ? C’est le serpent de la démocratie qui se mort la queue. Entre burlesque et pitoyable…
Sur recours, le tribunal administratif de Paris a ensuite déclaré recevable la pétition citoyenne en juin 2014, annulant le délibéré du CESE sur ce sujet… oui, mais sans obliger le CESE à émettre un avis (!), conséquence portant logique .
D’ailleurs l’avis, à cette date, on s’en f…, la loi Taubira ayant entre-temps été promulgée…
Fin de l’épisode CESE. Fin de l’épisode saisine par « pétition citoyenne ». Le peuple est allé se faire voir et les 700.000 pétitions ont été bennées. La démocratie façon Canada Dry.
Le thème du colloque du 21 septembre dernier au CESE, orchestré par le toujours président Delevoye, portait donc sur la liberté d’expression et la censure. À défaut de nous l’appliquer, parlons-en. Madame Taubira, invitée d’honneur, et Najat Vallaud-Belkacem sont venues pavoiser sur un sujet qui leur est cher.
Il flottait, autour de ces personnages politiques, comme un air de dédain, sans que les fantômes des 700.000 citoyens bafoués viennent assombrir leur suffisance.
Au royaume du politiquement acceptable, la liberté d’expression et la censure sont des sujets réservés. Ils n’appartiennent pas à l’universalité, aux vous et moi.
Ils sont l’essence intellectuelle d’une caste doctrinaire, abreuvée de sectarisme. LMPT et les 700.000 Français pétitionnaires ne pesaient rien dans ce combat.