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Le tabac tue un fumeur sur deux : c’est le lugubre message de la campagne de DDB pour l’Inpes qui nous transporte tout droit dans une chambre d’hopital. L’une des armes du gouvernement contre ce fléau dont le plan anti-tabac coupe aussi l’herbe toute fraiche poussée sous le juteux business des cigarettes électroniques. Les syndicats s’insurgent.
Le plan anti-tabac était présenté hier par la ministre de la Santé Marisol Touraine. Il répond à un triple objectif : diminuer de 10% le nombre de fumeurs dans les cinq ans, passer sous la barre des 20% de fumeurs dans dix ans et faire que, dans moins de 20 ans, les enfants qui naissent aujourd’hui soient la première génération de non-fumeurs. Ce Programme national de réduction du tabagisme (PNRT) s’assortit, dès aujourd’hui, d’une campagne du ministère et de l’Inpes et signée DDB. Elle rappelle que ce produit tue la moitié de ses consommateurs et que, pour se faire aider, Tabac Info Service offre un suivi gratuit et personnalisé par téléphone et sur Internet. Deux services qui sont mis en scène dans deux spots télévisés -homme et femme- et une animation sous forme d’infographie. Principales chaînes hertziennes et du câble, Internet (chaînes de replay, chaîne Youtube de l’Inpes, site de TIS) et radio, dans leur version sonore, feront aussi trembler les fumeurs. Les films signés illustrent un message d’adieu prononcé par une voix off sur des images d’hôpital. Le personnel médical y range une chambre qui a été occupée par un patient fumeur qui vient de mourir sous l’œil du réalisateur Ackenheil et d’une production d’Excuse my French.
Les cigarettes électroniques interdites de pub
On s’y attendait un peu mais le couperet vient de tomber. Le vapotage, c’est mieux que la cigarette, mais considéré comme trop incitatif pour être toléré de publicité. Alors, ce plan plus que sévère coupe aussi la chique à un secteur qui se déploie parallèlement à la « clope » ancien modèle : la cigarette électronique. La Fédération des professionnels de la cigarette électronique (Fivape) s’insurge de la décision d’interdire la publicité sur leurs produits annoncée jeudi aussi par la ministre de la Santé. « C’est une décision aberrante, on ne comprend pas, la cigarette électronique est mise au même niveau que la cigarette. Elle doit faire l’objet d’une réglementation spécifique, ce n’est ni un produit du tabac ni un médicament», a réagi Arnaud Dumas de Rauly, président de la fédération. La publicité pour les cigarettes électroniques sera limitée, puis interdite définitivement le 20 mai 2016, comme le prévoit une directive européenne. L’objet sera aussi interdit dans certains lieux publics, établissements accueillant des mineurs (comme les écoles), des transports collectifs et de tous les espaces clos collectifs de travail. Les ventes de cigarettes ont reculé de 8,6% en août 2014 sur 12 mois alors que les ventes de l’objet électroniques et de produits associés sont en forte augmentation. Sur 16 millions de fumeurs, “il y en a 2,5 millions qui utilisent régulièrement une cigarette électronique”. Le Syndicat national des professionnels de la cigarette électronique (Synapce) s’est lui aussi dit “inquiet de l’interdiction de la cigarette électronique au bureau et de l’interdiction de publicité”, et regrette également “l’amalgame”, entre la cigarette électronique et le tabac. Il estime qu’elle “a, ces derniers temps, fait reculer le tabagisme et représente un mieux pour la santé publique alors qu’elle connait pourtant un sort quasiment identique à celui de la cigarette. Le trouble ainsi semé, c’est une vraie campagne de désinformation qui est menée contre elle », déplore le syndicat. Le commerce est plus que juteux, environ 2 500 boutiques de cigarettes électroniques sont en activité en France. On ignore encore comment vont s’exprimer les fabricants de liquides et autres recharges pour ces produits. Dernièrement, D’lice, qui pressentait l’interdiction, avait lancé une dernière –et première- campagne TV avec Business.
Haro contre le paquet neutre
L’interdiction publicitaire est actée depuis de nombreuses années, mais cumulée à l’une des autres nouveautés du projet, le fameux “paquet neutre”, on imagine difficilement la façon dont les cigarettiers vont se distinguer les uns des autres. Plus de marques, plus de logos… Il s’agirait là d’une mesure radicale, testée pour le moment en Australie et qui semble peu concluante. L’ambition des autorités australiennes est de faire baisser de 15% à 10% d’ici 2018 le pourcentage des fumeurs dans la population adulte, mais la mesure s’est heurtée à l’opposition virulente des fabricants. En France, cela serait vécu comme une véritable atteinte à la liberté intellectuelle selon l’ensemble des professionnels du secteur. Une myriade de procès pourrait s’abattre sur le gouvernement et la contrefaçon pourrait en faire ses choux gras, et encore alimenter “l’augmentation du marché parallèle qui représente déjà 25% du marché” estime le président de la confédération des buralistes, Pascal Montredon. Céline Audibert, porte-parole du groupe français Seita, filiale du cigarettier Imperial Tobacco, pense tout bonnement que cela serait “anticonstitutionnel”. Sans nul doute, “L’Etat s’expose à verser plusieurs milliards d’euros au titre de la compensation du préjudice subi et de l’expropriation de nos marques», rencherit Japan Tobacco International. Et British American Tobacco d’enfoncer le clou. «Il est incompréhensible qu’un ministre de la Santé français souhaite proposer une politique qui viole clairement les lois de l’Union européenne»