Par Alain Sanders
Elle s’appelait Gwendoline. Elle allait fêter ses 23 ans. Mais, le 8 septembre dernier, alors qu’elle faisait son jogging dans un parc de Sevran (Seine-Saint-Denis), sa route a croisé celle d’un salopard. Armé d’un couteau de boucher. Une lame de 20 cm.
Une fois de plus, une fois de trop, l’homme n’est pas un inconnu des services de police. Il a été condamné à trois reprises – pas une, pas deux, trois – pour vol, usage de stupéfiants, exhibition sexuelle. Condamné à quoi ? A des peines avec sursis et mise à l’épreuve… Un récidiviste. Que faisait-il dehors ? Eh bien, fort d’un sentiment d’impunité puisqu’on l’a laissé libre de ses mouvements, il est allé crescendo.
On nous dit qu’il va subir des examens psychiatriques et patin et couffin. C’est-à-dire qu’une nouvelle palanquée de « psy » et « d’experts », prenant le relais d’autres « psy » et d’autres « experts » qui avaient si bien évalué la dangerosité du tueur, va nous rejouer vol au-dessus d’un nid de concons…
La liste est longue, interminable, tragique, de dingues qui, au lieu d’être mis hors d’état de nuire, ont bénéficié de la compréhension – et quand ils récidivent, on a envie de dire : de la complicité – de ces « psy » et de ces « experts » qui ne les ont pas trouvés plus dangereux que ça, mais amendables et, de ce fait, remis dans le circuit.
Autre cas récent, le martyre de la petite Angèle – un prénom d’ange pour une victime du mal –, âgée de 4 ans, battue à mort par sa mère et le compagnon de cette dernière. Des brûlures, des morsures, des cheveux arrachés et, au final, un étranglement fatal. Pendant une semaine. Les deux bourreaux ont été mis en examen pour meurtre et actes de torture ou de barbarie. Deux bourreaux qui auraient dû être mis hors d’état de nuire. Avant. Ce qui aurait sauvé la vie d’une gamine.
Le père biologique d’Angèle s’était battu – en vain – pour obtenir la garde de sa fille. On lui avait royalement accordé de la voir deux heures par mois dans une structure neutre et sous la surveillance – lui – « d’éducateurs ». Il avait alerté les services sociaux, redoutant ce qui est finalement arrivé. Une enquête avait été diligentée fin 2011 – oui : en 2011 – par les services du Conseil général du Val-de-Marne. Des flèches dans le genre…
Selon Michèle Creoff, directrice générale adjointe chargée du pole Enfance et Famille dudit Conseil général, rien à signaler : « Les conclusions de l’évaluation étaient rassurantes (sic). Il y avait une bonne relation (resic) mère-enfant. » Alors, ou la mère est une excellente comédienne, ou les services du Conseil général du Val-de-Marne sont incompétents. L’un n’excluant d’ailleurs pas l’autre.
Ne serait-il pas temps que les « psy » et les « experts » qui se gourent aussi tragiquement soient tenus pour comptables de leurs erreurs et de leurs errances ? A chaque fois, nous avons droit à d’émouvantes « marches blanches » en hommage aux victimes, avec des braves gens qui crient : « Plus jamais ça ! »
Plus jamais ça jusqu’à la prochaine fois. Jusqu’à de nouveaux « faits divers » impliquant des monstres dont les comportements antérieurs auraient dû les faire enfermer.
Gwendoline, Angèle. Deux jeunes vies qui auraient pu être épargnées. Leurs bourreaux, eux, attendent au chaud les prochaines évaluations de « psy » et « d’experts ».