Par Charles Chaleyat
La poterie est une des plus anciennes techniques du monde après la taille des pierres, os (poinçons), corne et ivoire et probablement du bois (épieux ?) – les outils en bois (bambou par exemple) ne résistant pas malheureusement au séjour sur ou dans le sol.
Les plus anciennes poteries sont japonaises (poterie dite Jômon) de décors et formes très variés entre 17 000 ans et 300 ans av. J.-C. en concurrence avec les poteries chinoises découvertes à Zengpiyan datées de 18 000 ans ou plus. La poterie apparaît plus tard au Moyen Orient et en Afrique saharienne. Ce sont donc des poteries fabriquées par des chasseurs-cueilleurs et non des cultivateurs dont la sédentarité servait jadis à expliquer l’invention de la poterie. C’est probablement le besoin de contenants qui a poussé à cette invention quoique on note l’absence de poterie chez les chasseurs-cueilleurs aborigènes.
Que des chasseurs du paléolithique aient pu inventer la poterie est confirmé par la découvertes déjà ancienne (1925) de figurines humaines à Dolni Vestonice (Moravie) datées de 29 000 ans (époque nommée Gravettien). L’une d’elles (haute de 111 mm), appelée la Vénus de Dolni Vestonice, est faite d’argile cuite à basse température et représente selon les canons de l’époque (analysés par André Leroi-Gourhan et d’autres) une femme stéatopyge aux gros seins tombants. Elle appartient à ce qu’on a appelé exagérément les Vénus Aurignaciennes, car elles relèvent en majorité du Gravettien et du Magdalénien sauf celle de Hohle Fels (Jura Souabe) qui date de 40 000 ans.
Ainsi, au lieu de périodisations tranchées copiées jadis des classifications géo-paléontologiques on assiste plutôt – de la préhistoire à l’histoire – à des inventions dispersées (sédentarité, poterie, domestications) qui coaguleront plus tard pour donner naissance aux premières civilisations en Mésopotamie, puis ailleurs dans le monde.