Un projet touristico-immobilier prévoit d’aménager à Bali 12 îlets artificiels avec hôtels de luxe et infrastructure de loisirs sur 700 hectares. Mais la population locale craint un désastre écologique. (…) De tels travaux, avertissent les opposants, vont causer des dommages irrémédiables à l’environnement, détruire les moyens de subsistance de nombreux pêcheurs et désacraliser des sites hindous à Bali – unique territoire majoritairement hindou de l’Indonésie, le pays musulman le plus peuplé au monde. La baie de Benoa abrite des mangroves, des coraux, des estuaires, des villages ancestraux sacrés pour les Hindous et elle doit être protégée, insiste l’ONG .(…)
Si le projet se réalise, «il y a aura des inondations à l’avenir, l’eau sera sale et nauséabonde», prévient M. Suardana. La baie de Benoa avait été déclarée réserve naturelle en 2011, mais la donne a changé sous la pression d’investisseurs qui ont commandité des études de faisabilité lestées de conclusions allant dans leur sens. Favorable au projet, le gouverneur de Bali, I Made Mangku, a donné son autorisation avant de se rétracter face à l’ampleur de la contestation, puis de redonner à nouveau son feu vert.
Dans la foulée, la société immobilière Tirta Wahana Bali International avait annoncé le méga-projet touristico-immobilier. Ses promoteurs ne cessent depuis de dire que leur programme dopera l’économie balinaise et créera 200.000 emplois. Le projet s’articule autour de la route à péage qui surplombe la mer: cette voie d’accès inaugurée en 2013 offre un accès rapide à la baie depuis l’aéroport international de Bali. L’île a accueilli l’an passé quatre millions de touristes étrangers.
Mais pour ForBali, association à la pointe de la contestation que dirige M. Suardana, les arguments économiques ne tiennent pas: le taux de chômage à Bali est très bas et l’île n’a pas besoin de nouveaux complexes hôteliers, avec ceux qui ont poussé comme des champignons ces dernières années. D’un autre avis, le gouverneur de Bali estime, lui, que la baie de Benoa, boueuse et jonchée de détritus, a besoin d’être revitalisée et que le projet ne provoquera pas d’inondations.(…)
Ces aménagements sont cependant loin de voir le jour. Le gouvernement du président Joko Widodo a annoncé en juillet qu’une évaluation des répercussions environnementales était encore nécessaire avant de faire quoi que ce soit, sans préciser combien de temps l’étude pourrait durer.