Aussi étrange que cela puisse paraître, de nombreuses femmes asiatiques, comme d’ailleurs africaines, sont convaincues que se doter d’une apparence européenne constitue l’une des clés de leur réussite sociale et professionnelle. Comme l’écrit sur son blog l’ancien rédacteur en chef de Cosmopolitan, les Japonaises et les Coréennes ont recours au scalpel du chirurgien esthétique, parfois au péril de leur vie, pour ressembler davantage à des Européennes.
Le standard féminin de la mode contemporaine, basé sur la physionomie européenne, semble avoir fait son chemin et s’être abattu comme un tsunami sur l’Asie, où la population se jette sur la chirurgie esthétique pour tenter de se transformer physiquement et se rapprocher des normes européennes.
Vers quelles opérations les Asiatiques mécontentes se tournent-elles le plus souvent ? La palme revient, depuis de nombreuses années déjà, à l’opération visant à modifier la forme des paupières : la blépharoplastie. La plupart des jeunes femmes n’aiment pas leurs délicats yeux bridés. C’est pourquoi toutes celles qui cherchent à cacher leurs origines asiatiques, même si cela est en soi impossible, recourent avant tout à la modification de la forme des paupières, faisant ouvrir davantage leurs yeux pour créer ce que l’on appelle « un regard à l’européenne ». Ce regard est devenu la marque d’appartenance d’une élite de personnes belles et heureuses. Si tu ne t’y conformes pas, tu te présentes comme un quasi-monstre. Après tout, toute personne se souciant un tant soit peu de son avenir peut bien trouver entre 500 et 3 000 euros et 30 minutes de temps libre, non ?
Les mères commencent à inscrire leurs filles à ce genre d’opération parfois dès l’âge de 10 ans. Les exemples sont faciles à trouver : CNN a diffusé l’histoire d’une ballerine de 12 ans, Lee Min Kyong, qui a alerté la société occidentale en racontant que ses compatriotes sud-coréens avaient activement soutenu sa mère, quand celle-ci avait invité sa fille à se faire opérer des paupières. La mère de Lee Min Kyong était persuadée qu’avec un attrayant « regard à l’européenne », sa fille gagnerait en confiance en elle.
« J’ai personnellement inscrit Lee Min à une blépharoplastie car je pense sincèrement que cela l’aidera. Notre société actuelle est ainsi faite que pour réussir vous devez au minimum être jolie. Comprenez, elle est mon unique enfant, je m’inquiète beaucoup pour son avenir. »
Malheureusement, la majorité des Asiatiques pensent de même. Pour eux, être belle signifie ressembler à une Américaine ou à une Européenne. C’est ce que confirme le responsable de l’une des plus grandes cliniques de chirurgie plastique de Corée du Sud, BK DongYang, où chaque jour, des centaines d’opérations sont réalisées, le docteur Kim Byung-gun.
« Mes clients me répètent sans cesse qu’ils n’aiment pas leur visage. Tous nos patients de Chine et de Corée souhaitent avoir le visage d’un Américain. C’est la conception occidentale de la beauté qui domine actuellement. Cela signifie que les Asiatiques veulent de moins en moins ressembler à des Asiatiques, et de plus en plus à des stars d’Hollywood. Ils ne sont pas satisfaits par leurs grandes pommettes et leurs petits yeux. Ils veulent avoir de grands yeux et des nez fins. C’est le standard de la beauté contemporaine. »
Les Japonais, les Coréens et les Chinois ont complètement oublié comment s’accepter tels que la nature les a créés. Recourir à la chirurgie esthétique est aujourd’hui aussi banal que se laver les dents. Même parmi les couches les plus modestes de la société, les gens essaient de remodeler leur visage dans l’espoir que cela les aidera à réussir dans la vie. Dans les cliniques, les patients se trouvent souvent dans de mauvaises conditions sanitaires et se font tout bonnement mutiler. Mais cela n’arrête personne, car un visage européen est la clé d’un avenir meilleur. Et les gens y croient dur comme fer. Mais en vain.