54 Français y ont trouvé la mort et un mois plus, tard la vérité se fait toujours attendre…
« Vous comprendrez à partir de tous ces éléments que les opérations vont s’inscrire dans la durée », avait certes prévenu Jean-Yves Le Drian en révélant, dès le 25 juillet, au lendemain du drame, que l’épave du vol Air Algérie AH5017 avait été repérée par un drone Reaper de l’armée française basé à Niamey (Niger) et que le site du crash de l’avion près de Gossi, au nord-est de Gao, avait pu être sécurisé par un détachement de l’armée française engagé dans l’opération Serval au Mali.
Dans les jours qui suivirent, les deux boîtes noires de l’appareil (dont une, paraît-il, particulièrement endommagée) furent même récupérées et transmises au BEA(Bureau Enquêtes Analyses), dont des experts avaient été dépêchés sur place, alors qu’un deuil de trois jours était décrété en France et qu’un hommage national était rendu aux 118 victimes (dont 54 Français) de cet accident n’ayant laissé aucun survivant.
Pour superviser ces cérémonies et recevoir au Quai d’Orsay les familles des victimes, François Hollande avait même reporté son voyage à La Réunion et à Mayotte, qu’il vient d’effectuer la semaine dernière.
Mais un mois après, précisément, la vérité, quant à elle, se fait toujours attendre sur ce drame inexpliqué, au sujet duquel on ne nous a peut-être pas tout dit. Même si les autorités françaises avaient semblé, dans un premier temps du moins, réagir au quart de tour et prendre en considération l’ampleur de la catastrophe dans toutes ses dimensions (aéronautiques comme politiques ou géostratégiques…) en n’écartant d’emblée aucune hypothèse : un crash dû aux conditions météorologiques extrêmement mauvaises cette nuit-là, une erreur humaine de l’équipage, une défaillance technique de l’avion (un McDonald Douglas d’ancienne génération) ou un acte de terrorisme.
C’est bien évidemment cette dernière hypothèse (qu’aucun élément concret ni aucune revendication pour l’instant n’étaye) qui pourrait cependant expliquer – sans le justifier pour autant – cet étrange silence radio depuis un mois. Rappelons que ce vol charter affrété par la compagnie Air Algérie avec un équipage espagnol avait décollé de l’aéroport de Ouagadougou (la capitale du Burkina Faso) pour Alger. Or, c’est à Ouaga (comme disent tous les Africains) qu’est discrètement basé, depuis 2012, un détachement important de forces spéciales françaises de l’opération Sabre, relevant désormais de la force Barkhane de lutte contre le terrorisme dans toute la bande sahélo-saharienne.
« La zone de Gao est connue pour être une zone d’insécurité »
Même s’il s’avérait qu’aucun militaire français relevant du COS (Commandement des opérations spéciales), de la DRM (Direction du renseignement militaire) ou même de la DGSE (Direction générale de la Sécurité extérieure) – trois entités dont le personnel est très actif dans toute cette région infestée par plusieurs groupes « djihadistes » souvent liés à des mafias locales de narco-trafiquants – ne figure parmi les victimes de ce crash, l’hypothèse d’un acte terroriste (explosion d’une bombe à bord ou tir d’un missile) ne pourrait être totalement écartée.
« La zone de Gao est connue pour être une zone d’insécurité », avait d’ailleurs avoué, dès le lendemain du drame, le ministre français de la Défense, en rendant hommage à la réactivité et à la mobilisation des troupes françaises dans cette région désertique du Mali où nos hommes, qui patrouillent et tentent de sécuriser les pistes, sont régulièrement harcelés par les islamistes du Mujao (Mouvement pour l’unité du Djihad en Afrique de l’Ouest), qui n’ont pas lâché prise.
La sécurisation du site du crash fut d’ailleurs la première mission « à chaud » réussie de la force Barkhane, qui a été placée au 1er août sous les ordres du général Jean-Pierre Palasset, avec un quartier général basé à N’Djamena, au Tchad.
Pour défendre la mémoire de leurs proches et tenter d’en savoir un peu plus sur les derniers moments de leurs vies brisées en plein vol, afin de pouvoir « faire leur deuil », selon l’expression consacrée, une association regroupant plusieurs dizaines de familles de victimes vient d’ailleurs de se constituer sous l’appellation « AH5017 Ensemble » et de tenir la semaine passée sa première réunion. En attendant de connaître un jour toute la vérité, souhaitons que les victimes reposent en paix :requiescant in pace !?