Du delta du Mékong aux chutes d’Iguaçu, de la côte néo-zélandaise à la mystérieuse Persépolis, ils avancent, sac au dos, ticket à la main et téléphone portable en guise d’appareil photo : ils sont les nouveaux explorateurs de l’espace mondial, occidentaux depuis longtemps, maintenant chinois ou russes, demain nigérians, un jour peut-être nord-coréens…
Ils sont les touristes internationaux : 800 millions chaque année à parcourir le monde après l’avoir rêvé. Confrontés à la monotonie des artefacts que l’industrie touristique répète à l’infini sur des circuits toujours plus balisés, beaucoup d’entre eux rêvent d’espaces à l’écart, d'” authenticité “, de rencontres avec des sociétés ” préservées “. Mais comment échapper à la canalisation des flux et au marketing des agences de voyage qui adaptent sans cesse leur stratégie à cette soif de dépaysement ?
C’est cette tension, à la fois humaine, culturelle et spatiale, qu’interrogent Thomas Daum et Eudes Girard. Écolodges, écotourisme, cabanes ” tout confort “, gîte à la ferme, tourisme ” citoyen ” ou ” humanitaire “, mise en scène de soi à travers les blogs de voyage… Autant de nouvelles pratiques révélant l'” illusion du local “, la soif inextinguible de décentrement qui tenaille l’imaginaire et les fantasmes du touriste mondialisé.