De partout nous remontent d’inquiétantes informations sur l’appropriation de surfaces cultivables par les Chinois et sur leur expansionnisme économique. Un état productiviste comme la Chine, avec des populations immenses sous-payées, surexploitées et dirigées d’une main de fer par un régime qui a gardé du communisme et du maoïsme les structures d’un contrôle politique et social quasiment parfait, confinant à l’esclavagisme, bénéficie d’un avantage concurrentiel qu’il met au service de son impérialisme économique planétaire.
Dans le Berry, par exemple, on s’étonne de plus en plus de ces acquisitions de terres arables par des consortiums chinois. Dans le Bordelais, 10 % du vignoble serait passé sous la coupe des Chinois.
En Australie, le phénomène a pris des proportions si inquiétantes que le gouvernement a décidé, fin 2016, de recenser les terres appartenant à des étrangers. Il faut dire que les achats de terres arables par les Chinois ont triplé, ici. La Chine contrôlerait une partie encore très minoritaire des terres australiennes et des domaines miniers (moins de 1 %), mais un mouvement d’accélération du processus est ressenti dans tout le pays : les investissements chinois ont triplé d’une année sur l’autre. C’est pourquoi le gouvernement australien commence à mettre des garde-fous.
En mai 2016, l’administration australienne s’était opposée à la vente d’énormes territoires agricoles à un groupe chinois, ceci « au nom de l’intérêt national ». Quelques mois plus tard, ce territoire de 80 000 km2 – presque un état dans l’Etat – était vendu à l’australienne Gina Rinehart, première fortune du pays (elle pèse 13 milliards de dollars). Or la milliardaire, pour cette acquisition, a joué le cheval de Troie des intérêts chinois. Car les Chinois sont devenus, grâce à une entente dissimulée avec elle, propriétaires d’un tiers de cette superficie.
La terre doit appartenir aux Australiens
La correspondante locale du Figaro faisait récemment état du mécontentement croissant des Australiens. Un sondage indiquait que 84 % des habitants du pays étaient extrêmement inquiets de cette évolution, qui va finir par faire des Australiens de simples locataires de leur propre pays. Le succès du Parti national (droite nationale) n’est pas étranger à cette évolution, dans un pays où l’immigration n’a pourtant pas mauvaise presse. Mais la terre doit appartenir aux Australiens : cela fait partie des principes fondamentaux du pays. Et la résistance est en train de s’organiser.
Si l’Allemagne de Merkel est laxiste avec son immigration, il semble en revanche qu’elle ait pris la mesure du danger de l’impérialisme économique chinois. Il faut dire que l’an dernier une entreprise chinoise a mis 4,5 milliards d’euros sur la table pour racheter un fabricant allemand de robots, l’entreprise Kuka. Or Kuka est spécialisé dans les robots industriels, et les entreprises allemandes ont vu d’un mauvais œil un fleuron technologique passer ainsi sous coupe chinoise, avec tous ses brevets, et les conséquences, à terme, sur la pénétration du marché local et européen.
Le volume des investissements chinois en Allemagne double à peu près chaque année : en 2016 c’est une soixantaine d’entreprises allemandes qui sont passées sous pavillon chinois. Il y a dix ans à peine, l’acquisition d’une seule entreprise par des Chinois était considérée comme un phénomène à peine croyable. On mesure le chemin parcouru !
Pour freiner cette dépossession, Madame Merkel met discrètement en place des mesures protectrices : allongement des délais d’examen des offres, et abaissement des seuils de volumes d’acquisition rendant cet examen obligatoire, élargissement des domaines concernés, incluant désormais le soft informatique et les services.
Tandis qu’à Bruxelles certains pays tentent de constituer un front du refus, les pays d’Europe du sud, à faibles investissements chinois, s’y opposent, paralysant les tentatives de résistance. Encore un domaine où l’Europe, telle qu’elle fonctionne actuellement, s’oppose à un légitime protectionnisme.