Adel Kermiche: “une bonne personne”!

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A Saint-Etienne du Rouvray, les riverains de la rue Nikola Tesla, bouleversés, décrivent pour la plupart un jeune homme «ordinaire». La zone pavillonnaire, si calme d’ordinaire, est en ébullition. Les voisins sortent voir le dispositif policier, d’autres se cloîtrent derrière leurs volets. C’est ici, rue Nikola Tesla, à Saint-Etienne du Rouvray, qu’Adel Kermiche, auteur de l’attentat qui a coûté la vie au père Jacques Hamel, habitait avec ses parents. Mardi, au soir du drame, l’accès au pavillon est barré par des véhicules de police, les perquisitions sont en cours.

«C’est la honte!, s’exclame Farida, une mère de famille du quartier, d’origine algérienne. D’égorger comme ça, c’est incroyable, on n’a jamais vu ça. Ces gens ne sont pas des musulmans, qui ne tueraient pas un chat. Ce sont des drogués, une secte. Ils vendent de la drogue la journée et ils tuent le soir». (…)

Bodri est plus disert. Ce jeune homme de 23 ans, assistant d’administration dans un club local de fitness, habite lui aussi tout à côté du pavillon d’Adel Kermiche. Il a «grandi avec lui», raconte-il en le définissant «comme un petit frère», et a même travaillé un temps avec lui. Ils étaient animateurs dans un centre aéré de Saint-Etienne du Rouvray, fin 2015. «Je l’épaulais, il était stagiaire BAFA, il était adorable avec les enfants, il se comportait bien. Il était polyvalent, s’occupait des ateliers manuels et de danse, et il était force de propositions pour organiser des grands jeux». Bodri n’a «jamais remarqué aucun signe de radicalisation». Il portait une barbe très courte, pas de djelaba. «Hier soir encore (la veille de l’attentat, NDLR), je l’ai croisé sur le parking ici. Il était habillé en jean, il souriait, il était content, normal», souligne-t-il en précisant qu’il ignorait que le jeune homme portait un bracelet électronique. «On partageait le même goût pour la musique, de la variété, des musiques urbaines, il aimait le mannequinat car il était très beau gosse. Mais c’était un mec posé, qui ne draguait pas les filles». Bodri ne savait pas qu’«il voulait partir en Syrie, il ne parlait jamais de ça, je ne connaissais pas du tout ce côté-là de lui». Au pire de ce qu’il a pu constater, c’est qu’«Adel commençait à traîner avec des mecs des quartiers». «Je suis choqué, ajoute-t-il, car cet attentat est atroce mais c’était une bonne personne, avec une famille qui a des valeurs». Selon lui, Adel Kermiche aurait deux sœurs, qui ont toutes deux quitté le nid familial, dont une médecin.

Mardi soir, dans le centre ville de Saint-Etienne du Rouvray, le périmètre de sécurité, encore très important, se réduisait un peu pour permettre aux habitants d’aller et venir. Près de l’église, on apercevait des tentes blanches qui barraient toute vue sur les lieux du massacre. Une bougie à la main, Farida et Nicole, des riveraines de ce quartier, demandaient aux forces de l’ordre l’autorisation d’aller la déposer dans l’édifice. Refus formel, aucun accès avec l’enquête des policiers de l’identité judiciaire. «On va aller se recueillir vers la mairie, ce n’est pas grave, dit Farida, encore «sous le choc». «C’est répugnant, c’est sauvage, on ne trouve pas les mots. Mes filles sont effondrées, elles ont trop de peine pour ce pauvre prêtre, si âgé. Etre égorgé…». Pour elle, ce sont «des criminels qui veulent nous mettre à genoux», qui tuent indifféremment «enfants et hommes d’église». «Vous verrez qu’ils tueront aussi des imams!». Nicole, athée, est épouvantée. «S’en prendre à un prêtre… Mais qu’on respecte la religion de France comme toutes les autres, quoi!».

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