Ils ne l’ont pas couché sur leur divan, mais les psychiatres et psychologues que nous avons interrogés, avec la prudence qui les caractérise pourtant, ne se sont pas privés pour délivrer un diagnostic sur François Hollande. Depuis longtemps, ils l’observent, décryptent ses discours, ses silences, sa gestuelle, ses tics. Ils se sont penchés sur les non-dits d’un président qui parle beaucoup mais ne préside pas, qui commente à l’infini mais ne décide pas et peine à passer de la parole à l’action.
Certains ont préféré conserver leur anonymat. Reste que leur jugement est presque unanime : deux ans après avoir fait son entrée à l’Élysée, François Hollande n’a toujours pas endossé le costume de chef de l’État et pourrait ne jamais y parvenir. En cause : son indécision « presque maladive », selon certains, « sa peur du conflit », héritage de son enfance. C’est l’avis notamment du psychothérapeute Jean-Pierre Friedman (auteur de Du pouvoir et des hommes, Éditions Michalon), pour qui l’histoire familiale de François Hollande explique le comportement du chef de l’État. « Il a été formaté à ne pas prendre parti entre sa mère marquée à gauche et un père qui votait pour l’extrême droite », dit-il, au point qu’aujourd’hui François a perfectionné cet art jusqu’à apparaître « plus conciliateur que décideur ». Pour le psychiatre Jean-Paul Mialet (auteur de Sex aequo, le quiproquo des sexes, Albin Michel), François Hollande est à la fois « l’enfant glorieux d’une mère et le bras armé d’une mère contre son père ». Sa mission, il ne la remplit pas « sans exaltation et tremblement ». Une évidence, cependant, cette histoire familiale ancienne n’est pas sans conséquence politique. Comme le remarque Pascal de Sutter (auteur de Dans la tête des candidats, Les Arènes), spécialiste de la psychologie politique, François Hollande est « un animal froid qui veut tout le temps contrôler ses émotions et reste dans un entre-deux intenable ». L’exemple le plus symptomatique de cette volonté de conciliation impossible reste l’affaire Leonarda.
Les Français ont besoin d’un président qui prenne des bonnes ou des mauvaises décisions, mais qui les prenne et les assume fermement. François Hollande n’en est pas capable. Quand il force sa nature, il blesse par maladresse, comme lorsqu’il congédie Valérie Trierweiler par un simple communiqué à l’AFP. Mais ce qui prédomine dans le caractère de François Hollande, c’est « l’hésitation permanente ». Faute de savoir décider, assure un autre psy, « il prend le temps de réfléchir. Ou plutôt semble toujours donner l’impression de vouloir gagner du temps. » Au risque de l’inaction et de l’impuissance.
Lu sur Valeurs actuelles