Découverte d’une tombe gauloise admirablement bien conservée!

 

 Si l’Égypte a ses tombes pharaoniques, le nord-est de la France a ses tombes à char de guerriers gaulois. De véritables trésors…

 
Voilà presque vingt-trois siècles que cet aristocrate rème dort paisiblement dans sa tombe ardennaise, allongé sur un char d’apparat. Au-dessus de sa tête, il entend les paysans travailler leur terre sans relâche. Mais le bruit du tracteur a remplacé le meuglement des boeufs. Sa famille lui a laissé de quoi boire et manger, et en cas d’attaque, il garde ses armes à portée de main. Même ses fidèles chevaux ont été sacrifiés avant d’être enterrés dans sa tombe, prêts au service en cas de besoin. Il croyait cette vie éternelle quand, à l’automne 2013, le ciel lui tombe sur la tête : des bruits de tractopelles se font entendre. On commence à creuser. Merde, il n’y a plus de respect pour les ancêtres dans cette Franced u XXIe siècle ! Puis, des hommes armés jusqu’aux dents de brosses à dents, d’éponges et de truelles s’attaquent à sa dernière demeure. Encore ces fouineurs d’archéologues !

En choisissant ce coin perdu des Ardennes (sur la commune de Warcq) comme lieu de sépulture, le fier Rème n’avait pas prévu que celle-ci serait sur le trajet de l’autoroute A304, financée par l’État et la région Champagne-Ardennes. D’où cette découverte. Après un petit débat local, c’est l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) qui a été chargé de la fouille. À vrai dire, les tombes à char ne manquent pas dans le nord-est de la France où plusieurs centaines sont déjà répertoriées. Depuis le VIe siècle avant J.-C. (âge de fer), l’aristocratie gauloise enterre ses chefs dans des fosses, allongés sur leur char. Seulement, dès le début de la fouille, la tombe de Warcq apparaît comme exceptionnelle. Émilie Millet, archéologue à l’Inrap, spécialiste du mobilier, en énumère les raisons : “Non seulement elle n’a pas été pillée, mais sa taille – quinze mètres carrés – est immense. Par ailleurs, l’humidité du sol a permis de conserver le coffrage en bois, ce qui est très rare. Le couvercle s’est effondré sur le char et son occupant, que nous devons encore dégager. Il peut s’agir d’un chef, mais l’hypothèse d’une femme de l’aristocratie ne peut pas être écartée.” Homme ou femme, le défunt appartenait probablement à la fameuse tribu gauloise des Rèmes, une des premières à s’être installée en Gaule, plusieurs siècles avant notre ère, dans la région Champagne-Ardennes.

597770377_14575287.jpgFeuilles d’or et mini-chevaux

Ce lundi-là, une demi-douzaine d’archéologues travaillent à dégager minutieusement les éléments de la tombe, perchés sur des plateformes métalliques. Deux d’entre eux dégagent l’une des deux roues du char, dont il ne reste que le cerclage métallique. Il y a quelques jours, ils ont eu la surprise de leur vie en découvrant des traces d’or. “Apparemment, le bandage intérieur des roues était recouvert de feuilles d’or. Ce qui nous laisse penser qu’il s’agirait plutôt d’un char d’apparat”, explique Bertrand Roseau, archéologue du département des Ardennes et responsable des fouilles. Dans un coin de la tombe, les squelettes de deux chevaux ont été exhumés, étonnamment petits. “Les chevaux gaulois ne dépassent guère 1, 30 m au garrot”, poursuit Roseau. Un des archéologues est justement en train de dégager le crâne de l’un d’eux, coincé sous l’une des roues du char. Dorénavant, l’équipe est impatiente de démonter le toit en planches pour faire connaissance avec l’occupant. C’est qu’il ne faut pas traîner. Officiellement, il ne reste que trois jours de fouilles avant de remettre le site aux entreprises de travaux publics. Or chaque planche pourrie doit être enrobée dans des bandes de plâtre avant d’être prélevée. C’est long. Ensuite, il faudra avancer lentement pour ne rien détruire. Impossible en trois jours !

Le président du conseil général des Ardennes, le sénateur Benoit Huré, est venu sur place rassurer les archéologues : “Vous aurez tout le temps nécessaire pour fouiller correctement cette tombe. Une semaine ou plus s’il le faut”, promet-il à Bertrand Roseau. Dans sa tombe, le défunt peste comme un damné. Être expulsé de chez lui après 23 siècles d’occupation ! Quelle honte. Pour être rangé dans un tiroir en compagnie de centaines d’autres ossements anonymes. Décidément, il n’y a aucun respect à attendre de ces lointains descendants qui revendiquent pourtant, avec fierté, leurs ancêtres gaulois…

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