Un tribunal italien rejette la nomination d’étrangers à la tête des musées nationaux!

Le tribunal administratif de Rome a rejeté la nomination d’étrangers à la tête des grands musées italiens, recusant ainsi un élément essentiel de l’ambitieuse réforme des musées nationaux. Le ministre de la Culture va saisir le Conseil d’Etat.

“Le monde a vu les musées italiens changer en deux ans et maintenant le tribunal administratif de Rome annule les nominations de cinq directeurs. Je n’ai pas de mots”, a réagi sur Twitter le ministre de la Culture, Dario Franceschini.

Dans une décision déposée mercredi et relayée jeudi par le quotidien Il Sole-24 Ore, le tribunal a estimé que l’appel à candidatures pour relancer les plus grands musées italiens ne pouvait pas être élargi aux citoyens non italiens.

Sept étrangers à la tête de musées nationaux

Le tribunal avait été saisi par plusieurs candidats malheureux lors de la nomination en 2015 de nouveaux directeurs, dont sept étrangers, pour 20 musées nationaux figurant parmi les plus visités au monde mais qui souffrent souvent d’une image poussiéreuse.

Ces nouveaux directeurs étaient tous chargés de mieux mettre en valeur ces collections exceptionnelles, avec un élargissement des horaires d’ouverture, des aménagements des locaux, un développement de la vente de produits dérivés… La réforme Franceschini des musées leur donne une pleine autonomie scientifique, organisationnelle et financière, rappelle Il Sole-24 Ore.

Mais le tribunal a annulé la nomination de cinq des 20 directeurs, dont l’archéologue allemand Gabriel Zuchtriegel, responsable du site archéologique de Paestum, près de Naples. Et celui du Palais ducal de Mantoue, l’Autrichien Peter Assmann.

Une décision “tragique pour la culture italienne”, selon le directeur des Offices

Son travail n’est pas en cause : selon Il Sole-24 Ore, la fréquentation du site de Paestum a bondi de 31% en 2016 par rapport à l’année précédente. Or, si la décision du tribunal romain est confirmée, les autres directeurs étrangers pourraient devoir démissionner.

“Un coup d’arrêt maintenant” à la réforme “serait tragique pour la culture italienne et d’une manière plus générale pour l’économie, vu que la culture en est un des principaux moteurs”, a commenté l’un d’eux, l’historien d’art allemand Eike Schmidt, directeur de la célèbre Galerie des Offices de Florence.

L’ancien chef du gouvernement, Matteo Renzi, a réagi en assurant que le choix d’ouvrir les appels aux candidatures aux meilleurs experts étrangers était l’un de ceux dont il était “le plus fier”.

“Notre erreur n’est pas d’avoir tenté de changer les musées, notre erreur est de ne pas avoir tenté de changer les tribunaux administratifs”, a ajouté Matteo Renzi, dénonçant un pays “fondé sur des paragraphes de loi et des recours judiciaires”.

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