Pierre Soymier est un talentueux dessinateur, tombé un peu dans l’oubli et qui participa à la revue Ridendo pendant deux décennies et illustra toute une série de cartes distribuées par le Laboratoire Michel Robilliart, dont l’ensemble révèle à la fois la précision de ses dessins et son humour.
Si certains connaissent encore son nom c’est surtout pour sa participation à la méthode Assimil qui permit à des générations entières au travers de nombreux pays d’apprendre différentes langues. En effet, il illustra pendant une quarantaine d’années les différents volumes de petits dessins, souvent amusants, destinés à faciliter l’apprentissage des phrases type, règles de grammaire et autres expressions.
Pierre Soymier est né le 26 février 1904 à Périgueux (décédé en 1977). Son père était négociant. Il est le dernier enfant d’une fratrie de quatre.
Il passe une scolarité brillante et obtient deux baccalauréats. Depuis toujours, il montre une aptitude au dessin et sa famille l’encourage dans cette voie, tout particulièrement son oncle, qui financera une partie de ses études. Il part à Bordeaux et suit les cours des Beaux Arts. Il publie alors ses premiers dessins et articles dans la presse locale (La Petite Gironde) puis « monte » à Paris où il perfectionne ses aptitudes.
Pendant son service militaire à Limoges (1925-26), il s’inscrit à la méthode « ABC », cours de dessin par correspondance, à la fois pour ne pas perdre son temps et pour parfaire son graphisme. Dès la libération de ses obligations militaires, il commence à placer ses dessins avec un certain succès. A la fin des années 20, il a déjà acquis une certaine notoriété.
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En 1929, Alphonse Chérel qui vient de créer la « Méthode Assimil » pour apprendre les langues étrangères, le choisit pour illustrer les textes et devient célèbre avec une phrase et un dessin qui traverseront les décennies « My taylor is rich », première phrase de la première leçon du premier ouvrage « L’anglais sans peine », référence que l’on retrouvera même dans Astérix chez les Bretons.
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Le succès est immédiat et le propulse au rang de vedette, il devient un dessinateur très demandé et rapidement pilier de l’éditeur publiant « Pierrot », « Lisette », « Rustica », « Echo de la mode » et collabore à de nombreux journaux satiriques, très en vogue entre les deux guerres, comme « Guignol », « Rire », Gringoire », « Candide », « Ric et Rac » mais aussi des revues traitant de camping, d’automobiles, de sports, de canoë-kayak…
Il illustre aussi des livres, des jaquettes de couvertures comme celle de Vol de nuit de St-Exupéry en 1931.
Ses bandes dessinées qu’il met lui-même en couleurs sont fouillées et précises, Pierre Soymier s’avère très rigoureux quant à l’authenticité du détail.
Il devient ainsi l’égal des grands du moment à l’image de Dubout, Robert Carrizey ou Le Rallic et donne une interview à la TSF (Radio Paris) en 1937.
La guerre: 1939, la guerre embrase l’Europe et stoppe brutalement cette notoriété. Sergent-infirmier de réserve, Pierre Soymier est mobilisé le 2 septembre 1939 et envoyé au Liban dans l’Armée d’Orient. A Beyrouth, il participe à la création et à l’illustration du journal des Forces Armées « Soldats d’Orient ».
.Les nazis découvrent ses dessins dans « La pratique de l’Allemand » et y voient la volonté de les ridiculiser, ils font saisir le livre et condamner l’éditeur.
Démobilisé le 30 septembre 1940, de retour en France, il est sommé par les nazis de refaire les illustrations du livre!
Alphonse Chérel l’engage alors à plein temps et lui confie un poste à responsabilités. Hormis ses dessins pour la méthode Assimil et quelques tracts pour la Résistance, Pierre Soymier dessinera peu durant la guerre.
Anecdote: en 1948, les éditions Ligel diffusent « Alright » une méthode d’apprentissage de l’anglais par Georges Lavigne, Pierre Soymier est sollicité pour en être l’illustrateur à l’image de la méthode Assimil. Pour ne pas entrer en conflit avec Alphonse Cherel, Pierre Soymier signe ses dessins du pseudonyme « Peter Pan »!
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L’après-guerre: en 1945, la paix déploie enfin ses ailes sur le monde et Pierre Soymier, pour des raisons personnelles, donne sa démission à Chérel, il restera néanmoins jusqu’à la fin des années 60, illustrateur des méthodes Assimil.
Commence alors une période moins faste pour Pierre Soymier qui reprend son carton à dessins et propose ses œuvres aux journaux « libérés » mais le succès n’est plus au rendez-vous. Sont-ce ses dessins qui évoquent un passé révolu? Est-ce l’arrivée sur le marché d’une pléiade de jeunes talents dont les lecteurs sont alors friands?
Il parvient tout de même à collaborer à de nombreuses revues comme « La Presse », « Ici-Paris », « France Dimanche », « Paris-Presse », « Le Hérisson », « Rire », « Blagues », « Franc-Rire », « Marius »..
Il deviendra aussi un collaborateur régulier de la revue médicale Ridendo et produira de belles séries pour les Laboratoires Pharmaceutiques Michel Robilliart.
Il illustrera aussi quelques livres (Jules Renard, Jean-Louis Bory…).
Si l’opulence des années 30 a disparu, il ne manquera toutefois jamais de travail et gardera l’estime de ses confrères. Il range ses crayons au début des années 70 et s’éteint le 17 septembre 1977, fidèle a ses principes, il a fait don de son corps à la science.
Sur le plan personnel, Pierre Soymier s’est marié en 1929, son épouse lui donne trois enfants mais le couple se sépare après la guerre dès 1946. C’est en 1954, quelques mois après l’officialisation de son divorce qu’il se marie pour la seconde fois.
Signature: Pierre Soymier signait ses dessins de telle façon qu’on lit « Pierres Oymier », signature qu’il est même assez difficile de « décrypter » lorsque l’on ne connait pas celle-ci. Ainsi de nombreux vendeurs sur les sites de ventes type Ebay, PriceMinister mettent en vente ses dessins en se trompant de nom/prénom ou en mettant simplement « dessinateur inconnu ».
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A la sortie de la guerre, Pierre Soymier place ses dessins dans de nombreuses revues grand public mais il entre aussi dans la revue Ridendo dès mars 1949 avec le n° 128. A raison d’un ou deux dessins par numéro, il sera présent dans presque chaque n° jusqu’à la fin des années 60 (recensement en cours), même si ces dessins n’ont pas tous un rapport avec la médecine ou la santé, on reste interpellé par la finesse du trait, les détails et l’humour des situations.
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Parallèlement à cette collaboration, il entame avec les Laboratoires Robilliart à Bièvres une série de dessins pour promouvoir les médicaments de cette entreprise.
Ce Laboratoire n’a à ma connaissance fait de la publicité qu’avec Pierre Soymier, suite à une vraisemblable amitié entre son directeur et le dessinateur.
Pierre Soymier a ainsi mis son talent au service des médicaments comme l’Oponeuryl (nervosité, irritabilité), le Réticulène (convalescence, suite de grippe), le Spécyton (fatigue, dépression, surmenage) avec différentes séries:
*Collection Spécytons – 1 série de 12 cartes – (Nervosisme)
*Collection Spécyton/Oponeuryl/Réticulène – 1 série de 20 cartes – (Les citations)
*Conseils aux chasseurs – 1 série de 26 cartes – (La chasse)
*Innocent badinage sur les pages roses d’un petit dictionnaire – 1 série de 20 cartes – (Médecine et maximes latines)
*La fatigue du médecin – 1 série de 12 cartes – (Fatigue)
*Les bruits qui irritent – 1 série de 20 planches – (Nervosité)
*Les fatigués – 1 série de 20 cartes – (Les fatigues)
*Les usages – 1 série de 15 cartes – (Le savoir-vivre)
*Les usages au temps des nouveaux équipages – 1 série de 15 cartes – (Le savoir-vivre)
*Quelques innocents proverbes – 1 série de 12 cartes – (Proverbes)
A part, la très belle série parue dans la revue Ridendo avec une trentaine de 30 dessins différents pour promouvoir le médicament Spécyton.
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Ces séries sont rares et difficiles à trouver, les laboratoires Michel Robilliart ayant certainement eu une diffusion assez restreinte. Les laboratoires Robilliart ont été rachetés dans les années 70 par le laboratoire Sanofi.
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Pierre Soymier outre ces séries, ses collaborations avec Ridendo a croqué le monde médical régulièrement dans les autres revues comme Le Hérisson, Rire, Blagues…
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Repères bibliographiques comme illustrateur (non exhaustifs)
ABC du camping – Léon Vibert – Revue Camping – 1937 – 112 pages, nombreuses rééditions
Alright, méthode d’anglais – Lavigne – Editions Ligel – 1948 – 176 pages -Illustrateur sous le pseudo de Peter Pan
Almanach Vermot – Collectif – 1958
Association de prévention des accidents du travail de la batellerie – Office national de la navigation – Cours de sécurité du travail fluvial – Textes de L. Louis Alvin, T. Toussaint Muracciole, Dr R. René Oger – Éditions de la Navigation du Rhin – 1968 – 91 pages
Chasseurs d’images – André F. Boisson – Les Editions Cocorico – Vers les années 50 – 90 pages
Devenez un as de la vente – Marcel Chapotin – Hachette Montrouge 1963 – 272 pages (Autre édition de 1974 de 320 pages)
Duel achat vente – Gaston Fournials et Marcel Chapotin – Dunod 1960 – 236 pages
French without toil – A. Cherel – 1954
La joie Kodak – Kodak Pathé – Vers les années 50
L’anglais sans peine – A. Cherel – 1929 – Et ses déclinaisons (allemand, russe, espagnol, italien, portugais…)
La pratique de l’anglais – A. Cherel – 1945 – Et ses déclinaisons (allemand, russe, espagnol, italien, grec…)
L’Aventure de Marcellin Cassagnas et contes des Garrigues – Michel Epuy – Aubanel Frères Editeurs – 1927 – 176 pages
Mon village à l’heure allemande – Jean-Louis Bory –
Nos frères farouches – Jules Renard – Editeur? – Année ?
Travelling made easy – Louis Quiévreux – Nelis – Année ? – 182 pages
Vendons plus vite, mieux, davantage – Marcel Chapotin – 200 dessins de Pierre Soymier – Hachette 1968 – 320 pages
Vol de nuit – Saint Exupéry – Editeur? – 1931