On peut tout comprendre (encore que…). On n’est pas obligé de tout admettre. Deux épisodes récents, l’un anecdotique, l’autre gravissime, me rendent insupportable le spectacle d’officiers supérieurs, de présidents d’associations patriotiques, d’anciens combattants qui, comme si de rien n’était, se mettent au garde à vous devant les guignolos du gouvernement et participent à leurs côtés à des cérémonies officielles.
Commençons par l’incident anecdotique. A savoir la nomination de Jean-Vincent Placé, transfuge gras à lard des Verts-Rouges, au grade de colonel. Colonel réserviste, « citoyen réserviste », certes, mais colonel !
L’ex-sénateur EELV, aujourd’hui secrétaire d’Etat chargé de la réforme de l’Etat et de la simplification, va ainsi intégrer l’un de nos régiments les plus prestigieux : le 13e régiment de dragons parachutistes. On nous explique que cela est motivé par un souci de « rapprochement entre l’armée et la société civile ». En vertu d’une procédure permettant à « certains acteurs de la vie publique, dont les parlementaires », d’intégrer une unité militaire. Avec un grade d’officier. Vous voulez que je vous dise ? Si les paras acceptent cette pantalonnade sans broncher, il ne reste plus qu’à faire ventral…
Infiniment plus graves, les éructations de Jean-Marc Todeschini, secrétaire d’Etat aux Anciens combattants, après l’annulation du concert de Black M. à Verdun. Pourquoi revenir plus particulièrement sur Todeschini et sa tronche de franc-mac couperosé au sortir d’un banquet républicain plutôt que sur Hollande? Parce que si quelqu’un avait dû, au minimum, s’écraser sur le sujet (à défaut de n’avoir pas les cojones pour dénoncer l’indécence du pourfendeur de kouffars à Verdun), c’est bien lui. Il n’est pas marchand de cacahuètes, en effet, mais secrétaire d’Etat aux Anciens combattants.
Or, qu’a-t-il dit de l’annulation du concert de la honte ? « Je suis choqué, ça me fait peur. C’est un premier pas vers le totalitarisme, le fascisme. (…) Je veux dire ma colère de voir qu’un déferlement de haine, d’injures et de menaces, force un élu à annuler le concert d’un artiste (sic) dans un pays où la liberté d’expression et de création sont des valeurs et des droits fondamentaux. »
Il faut le lire pour le croire. Lui qui, du fait même de sa charge, aurait dû être le gardien de la mémoire de ceux qui se sont battus pour la France, qui sont tombés pour elle, il est monté en ligne pour un rappeur dont les textes sont – justement – un déferlement de haine, d’injures et de menaces.
Depuis que Rocard, lors de la première guerre du Golfe, est allé sur le front de nos troupes pour déclarer que, pendant la guerre d’Algérie, il était, lui, dans le camp d’en face, sans que le moindre petit sous-lieutenant ne sorte du rang pour lui claquer le beignet, je n’ai plus guère d’illusions sur l’institution militaire. Mais, après les dégueulasseries todeschinesques, quelles associations d’anciens combattants pourraient encore participer, avec leurs drapeaux, à des cérémonies présidées par Todeschini ? Attendons pour voir. Mais sans illusions, là non plus.
Alain Sanders – Présent