Qui aurait pu imaginer qu’au pays des plus belles races bovines de boucherie, qu’au pays de la viande reine du repas, qu’au pays des meilleurs pâturages du monde, qu’au pays où la vache fut la fierté de l’agriculture nationale, les éleveurs n’arrivent plus à joindre les deux bouts, dont une centaine sont au bord du suicide ? Acculés au désespoir, manifestant leur colère face aux diktats des abattoirs et de la grande distribution qui ne cessent de comprimer les prix pour assurer leurs marges, des agriculteurs ont mené des opérations de blocage le jeudi 7 mai dans l’ouest de la France.
Sans entrer dans le détail des processus iniques conduisant à une telle aberration, il est clair que, si une autre logique économique n’est pas mise en œuvre par les pouvoirs publics, de Paris à Bruxelles, pour redonner sa dignité et sa raison d’être à ce secteur essentiel de l’agriculture française, notre pays pourrait voir son patrimoine bovin disparaître en cinq ans. Les filières et les procédures commerciales décidées par des agents de l’industrialisation des campagnes sont à l’origine de ce massacre.
A ce stade, François Hollande et Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, laisseront-ils encore longtemps Xavier Beulin, président de la FNSEA (et de la multinationale agro-industrielle Sofiprotéol), Michel-Edouard Leclerc, compresseur en chef du revenu paysan et distributeur de malbouffe, et Jean-Paul Bigard, propriétaire de près de 80 % des abattoirs, conduire l’élevage bovin français à l’équarrissage sous prétexte qu’il faut s’adapter aux lois du marché mondialisé ?
Il est enfin temps que les Français apprennent qui ment, qui triche et qui maquille… A suivre.