Sommes-nous seuls dans l’univers? La question hante l’homme depuis la nuit des temps. Pour percer ce mystère, les astrophysiciens tentent de capter des signaux venus d’ailleurs. Dans les années 1960, le programme SETI (Search for Extra-Terrestrial Intelligence -«recherche d’une intelligence extraterrestre») est lancé aux Etats-Unis. Il rassemble plusieurs projets qui visent à traquer toute manifestation de vie intelligente (ondes radios notamment) dans l’univers. Malgré de nombreuses fouilles intergalactiques, aucun signal n’a jamais été capté.
Les chercheurs à l’Institut SETI en Californie ont décidé d’envoyer des signaux depuis la Terre pour tenter d’établir un contact avec une civilisation extraterrestre. «Pendant cinquante ans, nous avons pointé des radiotélescopes vers des étoiles en quête de signaux d’autres civilisations, mais sans succès», a expliqué Douglas Vakoch, un scientifique du SETI, lors d’une présentation à la conférence annuelle de l’American Society for the Advancement of Science (AAAS) réunie cette semaine à San Jose en Californie.
«Avec ce programme Active SETI, nous inversons le processus pour prendre un rôle actif en transmettant de puissants signaux riches en informations vers d’autres mondes dans l’espoir d’avoir une réponse», a-t-il ajouté. Les messages seraient envoyés vers des systèmes stellaires comptant des planètes potentiellement habitables et relativement proches de notre planète.
Envoyer des messages dans le cosmos, ce n’est pourtant pas nouveau. Les deux sondes spatiales Voyager, lancées en 1977, contiennent un disque avec des sons et des images censées représenter la diversité de la vie et la culture terrestres. Ces «bouteilles à la mer interstellaires» qui voyagent à plusieurs milliards de kilomètres de la Terre contiennent notamment la plaque de Pioneer, le bruit du vent, de la mer, et des compositions de Mozart et Bach.
Des signaux radio ont également été envoyés dans le cosmos. En 1999, des scientifiques russes ont envoyé leurs propres messages avec le télescope Yevpatoria en Crimée. La chanson des Beatles Across the Universe a été lancée vers l’étoile polaire, à 430 années-lumière de nous par l’agence spatiale américaine (Nasa) en 2008.
Le directeur de l’Institut SETI, Seth Shostak, a soumis l’idée de diffuser tout le contenu d’Internet dans l’espace en utilisant les radiotélescopes les plus puissants, ce qui permettrait à une éventuelle autre civilisation de décrypter toute l’histoire humaine et sa culture.
Ak ak ak ak! Qui nous dit que les extraterrestres contactés ne seraient pas hostiles à ces messages? Aucun consensus scientifique n’existe d’ailleurs sur ce projet, qui reste controversé. Stephen Hawking avait qualifié de telles transmissions d’«irresponsables». Le célèbre astrophysicien britannique avait souligné que l’histoire humaine fournit de nombreux exemples de rencontres tragiques pour des civilisations moins avancées, comme celle des Incas avec les Espagnols.
De la «paranoïa» ont expliqué les chercheurs du projet Active SETI. «Il est de toute façon trop tard pour s’inquiéter de signaler notre présence», a indiqué Seth Shostak. «Toute civilisation extraterrestre suffisamment avancée pour attaquer et vaporiser la Terre peut facilement capter nos émissions d’ondes radio, que nous diffusons depuis la Seconde Guerre mondiale». Pour se protéger, explique-t-il, il faudrait aussi empêcher l’utilisation des systèmes radar militaires et des aéroports, et pourquoi pas des éclairages des villes, ce qui «saperait toutes les activités et progrès des générations humaines futures».
David Brin, astrophysicien et auteur d’ouvrages de science-fiction, a plaidé pour un moratoire avant d’envoyer ces messages. «Nous proposons un appel au consensus par une consultation internationale et publique avant que l’humanité ne fasse un pas irréversible, à savoir signaler à grands cris notre présence dans le cosmos». Des cris qui risquent d’être le chant du cygne de notre civilisation?