Podemos en Espagne, comme SYRIZA en Grèce ou Macron en France, c’est le chouchou de la presse à sensation. Alors, pour « être dans le journal », la bande à Iglésias – pas Julio, mais l’autre, Pablo l’Ibère, un barbichu de 38 ans, plus jeune que Macron et bien plus jeune que Valls – invente à jet continu des trucs nouveaux et rigolos. La dernière trouvaille en date va vous faire rire : il s’agit, au pays des corridas et d’Isabelle la Catholique, de réserver des plages privées pour les femmes musulmanes.
Je vous le dis carrément : c’est une idée formidable. Mais il faut quand même rendre justice à la vérité : l’inventeur de la formule, ce n’est pas Podemos mais Hollande qui, cet été, a privatisé une plage de Vallauris au profit d’un musulman, et on ne va pas chipoter sur le sexe des bénéficiaires.
Formidable, vous dis-je, car cette idée crée les conditions idéales d’un retour vers le passé telles que n’en rêvent pas les plus farouches archéo-conservateurs. Après tout, l’Espagne a été arabo-musulmane pendant 800 ans et l’était encore il y a 520 ans. Qu’elle le redevienne sous la poussée d’acné de jeunes gens pressés, indifférents à l’Histoire, n’étonnera que ceux qui imaginent encore que la conduite sérieuse des affaires est réservée à une « caste » que se plaît à dénoncer Podemos.
Formidable, car des gens ont fait couler des milliers de litres de sang pour que soient enfin arrachés du sol de leur pays des panneaux indiquant « White Only » et, aujourd’hui, là où il n’y a aucune ségrégation, ces bambins rêvent de voir fleurir des écriteaux « Muzz Only ».
Formidable, car ils s’abritent derrière l’existence de plages réservées aux nudistes pour pousser leur idée. L’assimilation musulman/nudiste est osée ! Mais, mes chéris, pensez-vous qu’il y ait outrage public à la pudeur justifiant la trempette-apartheid du simple fait qu’une musulmane se baigne à côté d’une non-musulmane ou de son compagnon ?
Formidable, car on sent se lever un vent chaud et fraternel de douce réciprocité. On rapporte que l’extrême gauche française, un peu jalouse du bruyant voisin du sud et sous la bannière de Mélenchon, s’apprête à demander au roi d’Arabie Salmane ben Abdelaziz Al Saoud d’autoriser les jolies touristes occidentales à bronzer seins nus sur les plages de Yanbu, d’al-Khobar ou de Djeddah. Demandé si gentiment et à condition de brandir l’exemple Podemos, le monarque va accepter, c’est sûr.
Formidable, car l’idée de Podemos est aussi éloignée d’un clientélisme criard et racoleur que peut l’être le timbre de son enveloppe ou la bernique de son rocher. En ce domaine, les vieilles méthodes éculées, usées jusqu’à la corde par les partis traditionnels honnis, ont fait leurs preuves et Podemos les garde, caramba !
Le Monde diplomatique, journal austérissime, dans un article sur Podemos datant de janvier 2015, titrait : « Et si la gauche se montrait simple, sympathique, voire… drôle ? » Pari gagné. ¡Dios salve Podemos!