Cesare Battisti a finalement jeté le masque. Arrêté en Bolivie à la mi-janvier, après 37 ans de cavale, et extradé dans la foulée en Italie où il doit purger la perpétuité, il a été interrogé durant le week-end par un magistrat et un membre de la division antiterroriste de la Digos (Division des enquêtes générales et des opérations spéciales de la police de l’Etat). L’ancien leader des Pac, les prolétaires armés pour le communisme, a alors reconnu avoir participé à deux assassinats et en avoir commandité deux autres. Il s’agit des meurtres du gardien de prison Antonio Santoro en 1978 et de celui du chauffeur de la police, Andrea Campagna, un an plus tard. (…)
Selon la presse italienne, l’ex-terroriste a aussi évoqué le soutien des intellectuels de gauche français, mexicains et brésiliens qui l’ont soutenu pendant toutes ses années de cavale. « Je n’ai jamais été victime d’une injustice, je me suis moqué de tous ceux qui m’ont aidé, je n’ai même pas eu besoin de mentir à certains d’entre eux », aurait ajouté Cesare Battisti selon La Stampa. Cette confession sacrément tardive risque d’être carrément indigeste pour ces intellectuels qui, pendant des années, ont soutenu mordicus l’innocence de l’ex-terroriste. Installé à Paris, l’ancien leader des Pac qui écrivait désormais des polars était devenu pour la gauche française un résistant, un réfugié politique injustement « accablé par un repenti ayant négocié l’absolution de ses crimes contre un témoignage », selon la jolie formule de Bernard-Henri Lévy, l’un de ses plus fervents défenseurs.
En 2004, d’ailleurs, lorsque l’Italie réclame à nouveau l’extradition de Cesare Battisti que Jacques Chirac est bien décidé à l’accorder, la chanteuse Lio, le maire socialiste du IXe arrondissement de Paris et l’écrivaine Fred Vargas constituent un comité et organisent une grande soirée au nom de « l’honneur de la France et de la parole donnée ». Sur scène, ils sont nombreux : Philippe Sollers, Guy Bedos, Jacques Higelin, Sapho, Pierre Vidal-Naquet, Dan Franck, Miou-Miou, Georges Moustaki et même le député de l’UMP Jacques Remiller, sans oublier Danièle Mitterrand. Beaucoup brandissent le petit livre rouge de Fred Vargas : la Vérité sur Cesare Battisti. Un grand moment durant lequel l’éditeur François Guérif n’hésitera pas à comparer l’ex-terroriste à Victor Hugo durant son exil ! A tous ceux-là, Cesare Battisti a-t-il menti ?