L’alliance entre la science et la mode peut donner des résultats surprenants. Une équipe d’ingénieurs de l’université de Californie Riverside est parvenue à mettre au point un maillot de bain unique en son genre. Baptisé “Spongesuit”, il réussit l’exploit d’être à la fois tendance, innovant d’un point de vue scientifique et éco-friendly, puisqu’il absorbe les particules polluantes rejetées dans les océans.
“Spongesuit” tire sa particularité d’un nouveau matériau, mis au point par le couple d’ingénieurs Mihri et Cengiz Ozkan, tous deux professeurs à l’UC Riverside. Après quatre ans de recherche, ils ont effectivement développé une matière dérivée de la saccharose, extrêmement hydrophobe et à l’architecture poreuse, capable d’absorber et de retenir jusqu’à 25 fois son poids en substances étrangères… mais pas l’eau.
Baptisée “Sponge” (éponge) en raison de ses facultés d’absorption, le matériau ne relâche les particules récupérées que lorsqu’il est chauffé à plus de 1000 degrés Celsius et reprend alors sa forme liquide. De là, les substances capturées sont triées, et le liquide restant peut alors être recyclé et réutilisé pour filtrer un nouveau maillot.
“C’est un matériau incroyable qui n’est pas nocif pour l’environnement et reste très rentable au niveau du coût de production”, explique Mihri Ozkan, professeur en ingénierie électrique, qui estime le coût de fabrication à 15 centimes de dollars le gramme.
Mais si le couple est à l’origine de la matière, le maillot “Spongesuit” est lui le fruit d’une association entre les Ozkan et leurs collègues Pinar Guvenc, Inanc Eray, Gonzalo Carbajo et Marco Mattia Cristofori. Ces derniers, membres d’un institut de design et d’architecture turco-américain, ont imaginé d’utiliser “Sponge” dans le domaine de la “wearable technology” qui promeut l’utilisation de la technologie dans le domaine vestimentaire. Ils conçoivent alors une structure de maillot de bain à l’aide d’une impression 3D. Conçue en elasto-plastique, la coque est à la fois suffisamment souple pour s’adapter à la forme du corps, et assez résistante pour ne pas se déformer.
A la clé, un maillot deux-pièces léger (environ 54 grammes) et à la coupe moderne, sans risque pour la santé à en croire Mihri Ozkan. “Tous les polluants sont capturés à l’intérieur de l’architecture nanoporeuse de l’éponge et rien ne touchera la peau”, explique-t-elle sur le site de publications de l’université. Le filtre garde son efficacité jusqu’à 20 utilisations.
Au stade de projet pour l’instant, le “Spongesuit” a d’ores et déjà séduit le jury du concours Reshape 2015, qui récompense les meilleures innovations en terme de technique et de design. L’équipe de l’université de Californie espère aujourd’hui une production de masse, facilitée par le faible coût de production et les multiples utilisations possible de la matière principale. Un produit qui, pour une fois peut-être, mettrait d’accord à la fois les industriels, les défenseurs de l’environnement et les fashionistas…