Par Sophie Akl-Chédid
L’église du Saint-Sépulcre de Jérusalem, siège commun du Patriarche grec orthodoxe et de l’archiprêtre catholique de la basilique du Saint-Sépulcre et de la Résurrection, est considérée comme le Saint des Saints de la chrétienté. Elle est bâtie sur les lieux de la Crucifixion, de l’Ensevelissement et de la Résurrection du Christ.
C’est également le lieu où se produit le miracle annuel le plus ancien de l’histoire de la chrétienté, régulièrement mentionné dans la Tradition.
Saint Grégoire de Nysse (331-394) témoigne : « C’était la nuit et je vis le Feu sacré, par les sens et spirituellement. » Puis Jean Damascène (676-749) : « Pierre s’étant rapidement approché du tombeau et ayant vu la lumière dans le Sépulcre, s’effraya. » Et puis encore le pape Urbain II (1042-1099) lors du concile des croisés à Clermont : « En vérité, dans ce temple, Dieu repose ; jusqu’à présent il ne cesse d’y manifester des miracles car, aux jours de sa Passion, alors que toutes les lumières sont éteintes au-dessus de sa tombe et dans l’église, soudain, les lampadas éteintes se rallument. Quel cœur, si endurci soit-il, ne s’attendrirait pas devant une telle manifestation ! »
Quelques minutes ou quelques heures
L’archevêque Missaïl rapporte en détail de quelle façon il a reçu le Feu sacré : « Etant entré à l’intérieur du saint tombeau, nous voyons sur tout le couvercle de la tombe une lumière scintillante, comme si y étaient répandues de minuscules perles de verre d’apparence blanche, bleue, écarlate, et d’autres couleurs, qui ensuite, se fondant les unes avec les autres, rougeoyaient et se transformaient en feu ; mais ce feu, durant le temps nécessaire à lire sans hâte quarante Kyrie eleison, ne produit pas de brûlure et ne se consume pas, et les candélabres et bougies préparés s’y allument. Mais par ailleurs, comment et d’où cela provient, je ne saurais le dire. »
Bien d’autres grands noms de l’histoire de la chrétienté confirment les faits, de Baronius, chroniqueur de l’Eglise romaine, en passant par Hieromoine Meletios, staretz de Sarov, et Avraam Sergueïevitch Norov, écrivain et ministre russe de la Culture en 1835…
Plus proches de nous, chaque Samedi saint à Jérusalem les témoins sont innombrables qui affirment avoir vu le Feu sacré se manifester sous forme d’éclairs fulgurants ou encore d’une boule de feu sur le tombeau du Christ, où le Patriarche grec orthodoxe attend, seul avec un cierge, après avoir été fouillé en public pour couper court à toute accusation de supercherie. La foule, massée dans la basilique plongée dans l’obscurité, prie et clame d’une seule voix : Axios ! (Il est digne !) et Kyrie eleison(Seigneur prends pitié !) L’attente peut durer des heures comme quelques minutes.
Puis le prélat sort du tombeau, porteur de son cierge miraculeusement enflammé, et transmet la flamme aux personnes les plus proches et ainsi de suite jusqu’à ce que la basilique devienne une véritable mer de cierges.
De nombreux témoignages attestent que bon nombre de cierges s’allument spontanément et que le Feu sacré se propage à une vitesse impressionnante dans la basilique. Les fidèles plongent leurs visages et leurs mains dans les flammes sans être brûlés !
Cet événement est chaque année retransmis en direct dans de nombreux pays et diocèses orthodoxes et la flamme est acheminée dans une capsule spéciale jusqu’à la basilique du Saint-Sauveur à Moscou.
L’office de l’assaut
Le soir du Samedi saint, à minuit, ce premier office de la Pâques orthodoxe est célébré dans toutes les paroisses de ce rite. Les fidèles y font mémoire de la sortie du Christ du monde des enfers et de la mort ; ils célèbrent sa Résurrection glorieuse : emmenés par le prêtre qui brandit l’icône de Pâques, ils prennent véritablement d’assaut leur église qui symbolise la porte du tombeau du Sauveur. L’officiant tambourine violemment sur la porte qui s’ouvre devant lui et il clame d’une voix forte : « Le Christ est ressuscité ! » La foule répond alors d’une seule voix : « Vraiment, il est ressuscité ! »