Par Isabel Orpy
Les Petits Beurres de la marque LU ont plein de secrets…
Leurs 4 coins représentent les 4 saisons, ils ont 52 dents (coins compris) comme les 52 semaines de l’année et possèdent 24 trous comme les 24 heures de la journée. Les paquets contiennent 24 biscuits. Ses dimensions ne procèdent pas du hasard, en empilant 8 Petits Beurre les uns sur les autres, la hauteur de la pile obtenue correspond à la largeur du biscuit, pour en faciliter l’emballage, le transport et le stockage.
Né en 1886, le Petit Beurre LU, appartient à notre patrimoine gourmand, celui que nous grignotons toujours avec bonheur, le délestant d’abord de ses quatre oreilles, au goût un peu plus prononcé que le reste du biscuit.
Définitivement ancrée dans l’imaginaire collectif, il est indissociable de Nantes.
C’est en 1846 que Jean-Romain Lefèvre, pâtissier natif de la Meuse, quitte sa région d’origine avec son épouse, Pauline-Isabelle Utile, pour s’installer 5 rue Boileau à Nantes, où, ils ouvrent une pâtisserie : « La fabrique de biscuits de Reims et de bonbons ». Les gourmands nantais tombent sous le charme, se pressant chaque jour pour déguster les biscuits tout juste sortis du four. La petite boutique prospère si bien que les locaux deviennent trop exigus. En 1854, le couple acquiert le 7 de la rue Boileau, pour y créer une annexe du magasin. Le succès est tel qu’en 1880, 14 ouvriers y sont employés.
En 1882, l’entreprise Lefèvre-Utile reçoit la médaille d’or de l’exposition de Nantes.
Cette belle affaire familiale aurait pu en rester là, mais c’était sans compter sur l’esprit d’entreprise du benjamin de la famille, Louis Lefèvre-Utile. Âgé de 24 ans, Louis prend le relais de son père en 1882, il veut concurrencer les biscuits britanniques, envahissant alors le marché français. A cette fin, il rachète en 1885 une ancienne filature, quai Baco, qu’il transforme en une manufacture ultra-moderne, dans laquelle travaillent 130 ouvriers, produisant plusieurs tonnes de biscuits chaque jour.
Een 1886,Louis conçoit un biscuit très simple, Le Petit beurre bambin, ressemblant aux napperons de sa grand-mère.
Louis sent alors qu’il a frappé fort et le 1er février 1887, il créée la société LU. Hélàs, le dépôt de la forme et de la marque au tribunal de commerce de Nantes n’advient que le 9 avril de l’année suivante, entre temps, les copies du biscuit ont eu le temps d’être commercialisées, conduisant Louis à qualifier son petit beurre de « véritable »…
Pour soutenir le lancement du biscuit, Firmin Bouisset, affichiste et illustrateur, invente ce petit écolier toujurs aussi célèbre.
En 1900, LU reçoit l’unique Grand Prix décerné à la biscuiterie lors de l’Exposition Universelle et trouve ainsi sa première consécration internationale.
Deux tours sont construites au pied de l’usine LU à Nantes par un jeune sculpteur Nantais qui reprend comme emblème de la marque le monogramme LU.
L’actualité sous toutes ses formes est alors prétexte à créations. LU associe ses biscuits à l’image du célèbre tramway nantais ou encore à la traversée de la Manche par Blériot en 1909. LU est partout. La marque participe au folklore urbain par ses affiches signées de grands talents de l’époque.
Lors de l’Exposition Universelle de 1937, s’inspirant du mouvement Art Déco, LU modernise son monogramme, plus épuré, plus géométrique, grâce à un procédé révolutionnaire de moulage.
Dans les années de l’après-guerre jusqu’aux années 70, pour soutenir son image, la marque collabora avec de nombreux artistes: René Gruau, Raymond Loewy, Follon, Toni Ungerer et autres personnalités: Georges Feydeau, Sarah Bernard, Fernandel, Georges Feydeau…