« Apocalypse Snow » pour chasseur blanc au cœur noir. Vengeance froide ! Les Rocheuses, Etats-Unis, 1823 : bien avant l’arrivée massive des migrants dans une Amérique de tous les possibles, bien avant la « conquête de l’Ouest » et de la ruée vers l’or, il y avait les aventuriers de la première heure. Des hommes endurcis, Français, Canadiens, Britanniques… Des pionniers, des « Frontier Men », des trappeurs affrontant tous les dangers d’une terre encore vierge. Une terre sauvage peuplée de tribus indiennes, couverte de forêts et de grandes étendues abritant des animaux sauvages. Des hommes venus d’ailleurs chercher fortune dans le commerce de peaux et de fourrures pour le compte de compagnies européennes.
Parmi ces hommes n’ayant pas les deux mains dans la même moufle, Hugh Glass (Leonardo DiCaprio). Un trappeur émérite laissé pour plus mort qu’une portion de bœuf (sans la garniture de frites) – après s’être chicané avec un grizzly plus colérique qu’un mulot – par ses compagnons de chasse, notamment par le plus sauvage d’entre tous, John Fitzgerald (Tom Hardy). Seuls son fils métis et deux autres trappeurs resteront près de lui pour le veiller. Une humanité dont ils paieront le prix fort.
Plus coriace qu’un hibou bouilli, Hugh Glass va pourtant s’en sortir. Même moins frais qu’une rosée matinale sur un carré de gentiane, comme un culbuto, il se relève, avec une seule obsession : survivre au froid d’un hiver brutal, à la neige, à la faim, aux Indiens et à une nature hostile pour se venger du rascal qui l’a abandonné. Froid comme un marbre, avec la prudence d’un chat traquant une souris, Hugh Glass, rusé comme un opossum, avance vers sa destinée dans le grand silence…
Du sang sur la neige ! En s’inspirant d’un fait réel, le réalisateur Alejandro Gonzalez Inarritu signe un « western » du genre grande chasse à mort. Un récit épique, un « Jeremiah Johnson » de neige et de violence pour une histoire classique de vengeance et de survie à vous faire transpirer sous votre scalp, le tout dans des décors naturels somptueux avec un Leonardo DiCaprio plus barbu qu’un islamiste, qui rampe dans la neige, la boue, les eaux glacées des torrents, se réchauffe dans les entrailles d’un bison et échappe à mille périls. Un rôle pour lequel il engrange récompense sur récompense.
Un grand film pour une « légende » d’hiver dont le seul reproche pourrait être sa durée : 2 h 36. D’où quelques longueurs. Pas une raison cependant pour bouder son plaisir. Alors, enfilez votre peau de bête, chaussez vos raquettes et en avant pour une grande randonnée dans les grands espaces. Hugh !
Pierre Malpouge – Présent