Par Caroline Parmentier
Il y a longtemps que nous ne vous avons pas signalé de chef-d’œuvre de cinéma. Ida, à la fois œuvre d’art et de spiritualité, le vaut bien.
Le film s’ouvre sur l’un des plus beaux premiers plans de cinéma dont on se souvienne. Saisissant. Après avoir repeint une statue du Sacré-Cœur, Ida et les autres jeunes novices la portent et la déposent sur son piédestal. Dans la neige, selon une composition et une photo resserrées, elles sont quatre autour de la statue de ce Christ à qui elles s’apprêtent à vouer leur vie entière. Nous ne sommes qu’au tout début d’un récit initiatique sobre et d’une grande force, en forme d’enquête personnelle et quasi policière sur la propre histoire dramatique d’Ida qui se découvre d’origine juive, à la veille de prononcer ses vœux. Le réalisateur Pawel Pawlikowski revient à l’essence même de la culture empreinte de souffrance, de son pays, la Pologne, martyrisé par la barbarie nazie et communiste.
Avant qu’il ne disparaisse des écrans où il est déjà très chichement distribué, foncez voir ce petit diamant, entre la lumière et les ténèbres, si différent de la production actuelle. Sans chercher à faire d’effets, le film marque durablement.