Les Français sont très largement pour, mais la gauche cacochyme est contre : la circulaire Collomb sur « l’accueil des personnes étrangères » la fait grimper aux rideaux.
Pour le mélencho-robespierriste Alexis Corbière, « Collomb fait du mauvais Sarko ». Comme toujours dans la nuance, il ajoute : « J’en ai ras le bol qu’on réduise le débat à : alors, le barbelé, on le met à quelle hauteur ? On en met un, on en met deux ? » (sur BFM TV). Quant au gros Julien Dray, il parle carrément de « rafles ». Que ne dirait-on pas pour exister…
Bref, à les entendre, vouloir savoir qui arrive dans les hébergements d’urgence caractériserait un crime contre l’humanité. Redisons-le : dans cette affaire, les Français sont à plus de 70 % derrière le gouvernement, mais qu’importe. Le jeu politique contraint à laisser aux oppositions l’illusion d’exister, si ce n’est de compter dans le jeu.
C’est dans cette optique, sans doute, qu’il faut considérer le hochet offert par le ministre de la Culture Françoise Nyssen à l’historien Benjamin Stora, « LE » spécialiste estampillé de la guerre d’Algérie et des histoires coloniales.
Un petit détour par sa fiche Wikipédia n’est pas inutile, fiche qui retrace son parcours depuis l’extrême gauche lambertiste et la fondation de l’UNEF jusqu’aux allées du pouvoir (après avoir assisté Ségolène Royal, il fut le conseiller de François Hollande avant et après son élection), et son ascension universitaire jusqu’au poste d’inspecteur général de l’Éducation nationale (depuis 2013) et, enfin, la présidence du Conseil d’orientation de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration depuis août 2014.
Drôle d’histoire que celle de ce musée qui n’en est pas un. En effet, voulue par Chirac, puis entretenue par Sarkozy qui avait refusé de l’inaugurer, la Cité de l’immigration le fut par Hollande en décembre 2014, soit sept ans après son ouverture ! Installée dans l’ancien palais des colonies, à la porte Dorée (XIIe arrt.), conçue comme une « institution culturelle, pédagogique et citoyenne destinée à reconnaître et mettre en valeur la place des immigrés dans la construction de la France », le baratin institutionnel la décrit comme « un lieu d’histoire donnant à voir, à lire et à partager l’histoire de l’immigration en France depuis deux siècles ».
Dans les faits, c’est surtout un improbable machin informe qui n’a jamais trouvé ni sa destination ni son public, sauf celui des écoles de banlieue qu’on y traîne de force et en rang par deux. Un lieu où l’histoire de l’immigration se résume surtout à la « galerie des dons », ce bric-à-brac improbable. Mais en quoi un couscoussier pendu à un fil à côté d’une statue nègre et d’un masque chinois en papier mâché parlent-ils aux immigrés de leur histoire et de leur culture ? Mystère… Ils n’en disent pas plus que ces vidéos de pauvres gens débarquant valise à la main, ces photos de « Pigeots » chargées jusqu’au ciel de matelas et de gazinières, ou les affiches d’Aznavour ou d’Enrico Macias qui tapissent les murs…
Qu’importe : on fait le job ! Et c’est ainsi que Benjamin Stora se retrouve, aujourd’hui, chargé par Mme Nyssen d’une mission, tout aussi fumeuse, de « coordination de l’action culturelle en faveur des migrants » dans les établissements nationaux. Selon le communiqué officiel, il doit faire avant l’été des propositions pour « développer l’accès des migrants aux arts et à la culture », permettre aux artistes et professionnels migrants de « poursuivre leur activité sur le territoire français » et « contribuer à l’évolution des regards portés par notre société sur les populations migrantes ».
Il y a huit jours, aux BIS de Nantes, le ministre demandait déjà aux théâtres publics de « réserver des places » aux migrants et d’« agir pour rendre à ces personnes le droit de vivre normalement, à côté des procédures, des démarches, des files d’attente ».
Et peut-être, aussi, le droit de s’inscrire comme intermittents du spectacle ?
Marie Delarue – Boulevard Voltaire