Depuis qu’un producteur de cinéma américain s’est fait prendre la main dans la culotte de plusieurs comédiennes, ça balance sec un peu partout. On croise des stars américaines dans le lit de jeunes garçons ou d’importants metteurs en scène entre les cuisses de gamines à chaque coin de rue voire près du pubis de leurs acteurs masculins. À commencer par les réseaux sociaux, « balance ton porc » par ici, « me too » par là. Et puis… Une tribune est venue mettre encore plus le feu aux poudres : des femmes réclamaient un droit à être draguées. Un coup d’œil coquin de l’Observatoire s’imposait. Retour sur une hystérie médiatique généralisée.
Le déferlement de lutte ou de délation (les avis sont à ce sujet partagés) contre le harcèlement sexuel a démarré en octobre 2017, suite aux révélations de deux médias américains prestigieux : le New York Times et The New Yorker. Des médias classés à gauche, aux États-Unis, autrement dit non conservateurs et actuellement anti Trump, après avoir farouchement mené campagne en faveur d’une femme justement, Hillary Clinton. Il n’est pas interdit de se souvenir du comportement peu courtois de son époux de président à l’époque où il formait ses stagiaires dans le bureau ovale. Accusé de harcèlement sexuel, agression sexuelle et de viol par une douzaine de femmes, Weinstein est parti se mettre à l’abri et « se désintoxiquer du sexe ».
Un peu de bon sens ?
Que les femmes soient en situation d’être victimes de prédateurs et de dingues sexuels, qui peut en douter ? Que ce genre de situation se produise à la fois souvent et partout est aussi une évidence. De même qu’il est évident que les milieux de la culture et singulièrement du cinéma sont concernés au premier chef. Qui peut douter que des hommes (et des femmes) de pouvoir usent de ce pouvoir afin d’obtenir des « faveurs » sexuelles ? Il n’est pas plus douteux que certaines comédiennes ont pu user de leurs charmes, volontairement, aux fins de réussite professionnelle. Rien n’est jamais binaire en ce genre d’affaires. Étant donné la confusion et l’agitation qui règnent depuis octobre 2017, il n’est pas inutile de rappeler des choses de bon sens, que nombre de médias français pris dans l’accélération sans fin qu’ils provoquent eux-mêmes ne prennent pas le temps de dire et de redire :
- Le fait pour un individu de forcer un autre individu à un acte sexuel, contre son consentement, est un crime inacceptable. Quelle que soit la forme de ce crime et le sexe du criminel impliqué.
- Les femmes étant à l’évidence des victimes malheureusement désignées de ce genre de crimes, que la « parole se libère » ainsi que le répètent les médias est nécessaire.
- Pour autant tous les individus de sexe masculin ne sont pas des « porcs »
- Et toutes les femmes ne sont pas des victimes par nature.
- Toute accusation lancée à la va-vite sur un réseau social contre un « coupable présumé » n’a pas valeur de vérité. La délation n’est théoriquement pas la base de notre état de droit, pas plus de la civilisation.
- Contrairement à la confusion entretenue par la majeure partie des médias officiels en France, harcèlement, agression et viol ne sont pas identiques. Et l’un ne conduit pas nécessairement son auteur à l’autre. Il y a bien au contraire un monde entre demander quatre fois son 06 à une personne et violer ou torturer sexuellement cette personne.
Une tribune née de l’incurie des médias officiels
Ce sont finalement ces éléments de bon sens, trop peu rappelés par les médias officiels, qui expliquent la parution de la tribune signée par 100 femmes, dont l’écrivain Catherine Millet, la patronne de Causeur Élisabeth Lévy, l’écrivain et psychologue Sarah Chiche, l’écrivain et journaliste Peggy Sastre, l’éditrice Joëlle Losfeld, dont le nom est fort peu « sorti » ensuite dans les médias (cela pose question), la comédienne Catherine Deneuve ou encore la présidente de La Société des Gens de Lettres, Marie Sellier. Leur texte porte sur ce qu’elles nomment un « droit d’être importunées ». Cette tribune parue dans Le Monde daté du 10 janvier 2018 trouve sans doute son origine dans l’entretien de la confusion après l’affaire Weinstein, entre harcèlement, agression et viol, confusion entraînant tous les excès. Il n’a par exemple pas été rare d’entendre sur les radios publiques (France Inter, France Culture, Franceinfo) des invités indiquer que les excès étaient de peu d’importance, ou négligeables, tant le fait de la « libération de la parole » serait un fait majeur.
Reste que le pauvre type accusé à tort ou par souci de vengeance par une femme délaissée ou ignorée et qui, de ce fait, connaît maintenant une descente aux enfers est à son tour une victime innocente, dont pas un média ne parle. Il faudra un jour enquêter sur les vies masculines innocentes peut être détruites, et considérées de façon incroyable comme de simples dégâts collatéraux sur toutes les chaînes de télévision.
Rappel à la raison
Au fond, la Tribune des 100 femmes n’était rien de plus qu’un rappel nécessaire à la raison. Paraissant en pleine hystérie, braquant d’emblée le féminisme radical et hors de contrôle, celui qui peut être récompensé par exemple par la mairie de Paris, ainsi les Femen, pouvant aussi être utilisée à des fins militantes par les plus radicales des « balance ton porc », cette tribune a provoqué la polémique à son tour.
Pourtant, les signataires rappelaient justement une série de données de simple bon sens : le comportement de certains hommes ne devrait pas entraîner « une haine » généralisée de la gent masculine, « le viol est un crime », ce sont les mots qui débutent la tribune, mais toute relation de séduction ou de tentative de séduction n’est pas assimilable à un viol, la libération « nécessaire » de la parole prendrait la tournure d’un « puritanisme », la délation publique sans que le dénoncé puisse se défendre est contestable, « toucher » un genou ou draguer un peu ne sont ni du harcèlement ni de l’agression, cette chasse à l’homme fait le jeu d’une sorte de contre révolution sexuelle (la situation américaine est à ce titre révélatrice), des éditeurs demandent déjà à certaines des signataires de rendre les personnages masculins de leurs romans moins « sexistes »…
Elles écrivent ceci, qui est mal passé dans les rédactions et les soupentes des associations féministes minoritaires : « Nous pensons que la liberté de dire non à une proposition sexuelle ne va pas sans la liberté d’importuner ». Elles parlent d’un « climat de société totalitaire » et de « vague purificatoire » sans limites.
Loin du regard des vraies femmes des vraies rues et des vraies villes ?
Évidemment, les féministes visées par cette tribune étant persuadées de représenter le Bien… ce genre de mots ne pouvait qu’enflammer les rédactions. Ce qui fut le cas. Reste qu’au fond, la majorité des Françaises regarde cela avec un œil distrait, Hollywood et le monde des « élites mondialisés » de la culture, des médias, de la politique et de la communication étant très éloigné de leurs préoccupations quotidiennes. Sans compter que la majeure partie des femmes sait faire la différence entre une agression et un jeu de séduction, jeu qui ne se refuse d’ailleurs pas tout le temps, nombre de femmes (et d’hommes) appréciant d’être draguées. Certaines et certains ayant même un goût prononcé pour les choses du sexe.
Il y a aussi, peut-être surtout, un grand, un très grand silence en toile de fond de ce que le magazine Causeur, en son numéro 51 de novembre 2017, appelait « la chasse à l’homme » : quid des vrais viols de la Saint Sylvestre 2016 à Cologne ?, quid des comportements culturels des millions de musulmans qui, selon la démographe Michèle Tribalat, vivent en France ? Que pensent-ils de cette chasse au « porc » ?
Surtout : comment se fait-il que dans toute cette agitation personne ou presque, au sein des grands médias, n’évoque les violences multiples faites aux femmes de la communauté musulmane, exclues de certains lieux, victimes d’un apartheid social (mariages, cafés…), obligées souvent de ne pas choisir leurs vêtements, leurs maris, parfois envoyées se marier au bled durant l’été, à peine majeures, considérées comme devant obéissance, y compris sexuelle, à leurs maris, etc. ? Comment se fait-il qu’une frange féminine de plus en plus importante de la société française soit ainsi passée sous silence et que l’on parle tant des starlettes de la côte Ouest des États-Unis ? Le modèle américain est-il si désirable ?