♦ Metamag.fr sous la plume de Michel Lhomme nous donne un nouvel éclairage sur le Front National avec une définition très explicite du populisme, tel que l’entendent généralement politiques et médias.
Prenons, pour commencer l’année, un peu de hauteur. S’agira-t-il pour le Front National de gouverner, de gérer les affaires ou bien de rompre avec le système ?
Nous remercions ici l’excellent article de notre camarade Philippe Delbauvre sur voxnr.com qui est l’exemple même de la courtoisie des discussions que nous prônons, ce que j’appelle en privé l’esprit satsanga de satsang, un mot sanskrit qui signifie « être en compagnie de la vérité », en « compagnie des sages » ou en « compagnie de la vérité qui est en soi » ou « rassembler le vrai en soi ». Le terme désigne précisément les assemblées fondées sur les principes de la non-dualité et des contradictoires qui seules et bien loin du point Godwin des invectives médiatiques récurrentes peuvent faire avancer la discussion (ML).
Dans le texte de Delbrauve, le mot n’a pas été prononcé une seule fois mais si nous devions résumer la position du Front national sur l’échiquier politique français, c’est bien celle de parti populiste. Le Front national est le premier grand parti populiste français. Or, de tradition républicaine, la France n’a jamais eu affaire par le passé au populisme comme manifestation politique d’envergure en dehors peut-être de l’éphémère poujadisme des années 1950.
En devenant populiste, le Front National des années 1980 n’est plus devenu un parti de militance révolutionnaire, un front « guerrier » de combattants mais un parti électoral à part entière à la recherche de cartes d’adhésion à remplir ou de postes à convoiter. C’est ce que le Rassemblement Bleu Marine incarne à merveille. Du point de vue électoral, nous avons toujours été clairs : il n’y a en France aucune marge électorale en dehors du Front national et ce, quelles que soient les heureuses initiatives par exemple du Parti de la France, de l’Union populaire Républicaine d’Asselineau, ou de Laurent Ozon. Mais la question n’est peut-être pas là. La question est peut-être plus radicale : l’option électoraliste qui a été choisie en France dans les années 1980 et à laquelle s’accroche le Front national depuis trente ans était-elle la seule option possible ? Et surtout, ne devait-elle se limiter qu’à cela ? N’y avait-il, n’y a-t-il pas d’autre alternative ?
Le Front national n’a choisi de peser dans le débat français que par des scrutins électoraux et donc n’est présent en gros que sur les plateaux télévision qui les préparent. Il a choisi d’attendre son heure. Il s’est refusé à défiler ouvertement pour le Mariage pour tous. Il a eu peur de l’aventure, capable qu’il était et est par exemple dans les rassemblements du premier mai de créer l’événement. A-t-il eu raison et sera-t-il à la hauteur de tant d’espérances ? Il ne semble pas en prendre le chemin.
On raconte que le Front national manquerait de cadres mais il n’a rien fait pour en former. Du point de vue culturel, avec l’argent dont dispose le Front familial, pas un seul centre de formation, pas une seule revue n’a été créée. Le cas du recrutement de l’entrée de Sébastien Chenu au Front national est bien symptomatique comme nous l’écrivions ailleurs car non seulement, il entre d’emblée très haut dans la direction du Parti mais de plus on le parachute avec son conjoint sur deux sièges éligibles et ce contre les militants de base qui depuis le début s’échinent contre les hordes locales du terrorisme intellectuel. Le Front national n’a aucun soutien associatif.
De plus, s’il s’agit de marquer pour demain une rupture de gouvernement, nous nous étonnons qu’on privilégie au Front national les énarques alors que précisément l’énarchie est l’un des principaux maux dont souffre le pays. Dans les cent jours de la prise de pouvoir, il faudrait fermer l’ENA. Or, on voit mal maintenant des énarques frontistes fermer demain leur propre école.
Le Front national en ne proposant au pays que l’alternative électoraliste ne nous aurait-il pas fait perdre beaucoup d’années ? Pendant tout ce temps en effet, la détresse française s’est amplifiée. La France s’est séparée, la France est entrée en sécession et la France populaire s’est de fait transformée. Le Parti est devenu populaire, populiste de classes moyennes et petites bourgeoises, sans réel ancrage local en réalité. Il laisse la France laminée, attentiste comme désespérée et nihiliste. Nous anticipons que même les réveils des succès électoraux seront rudes. Le seul but du Front national est d’additionner les voix. Le programme économique n’est pas vraiment débattu. Le risque de division est combattu par la menace directe de l’exclusion (voir le récent débat plutôt cassant avec Gollnisch). Ceci conforte le profil d’un parti conforme idéologiquement à la langue de bois à venir et déjà dans les propos bien mous.
En fait, il y a déjà eu une expérience « Front national ». C’est l’expérience italienne de La Ligue du Nord, le MSI de Bossi et de toutes ses dérives. Ils ont eu le pouvoir en Italie. Ils n’ont rien fait. Il n’y a rien eu. Du coup, en Italie, plus personne ne croit d’ailleurs aux solutions électoralistes. La France radicale n’en a tiré aucune leçon. L’Italie est peut-être en avance.
Or, l’Italie bouge. Actuellement contre l’immigration et le Grand Remplacement, l’échec du choix électoraliste en Italie a redéfini la lutte politique dans un ancrage concret des quartiers, dans la vie associative de terrain complètement délaissée en France par le Front. En Italie, des centaines d’associations «nationalistes » s’occupent sur le terrain des nouveaux pauvres. C’est tout le travail, par exemple, de Casa Pound et de ses affiliés. Il y a depuis des mois des révoltes populaires dans les villes italiennes contre lesquelles l’Etat ne peut plus rien faire. Sous la pression populaire, les centres d’accueil d’immigrés clandestins ont dû fermer. L’Etat souvent ne peut plus gérer, ne peut plus gouverner. Le nouveau slogan scandé en Italie du nord au sud, de la périphérie de Naples à Bergame, en passant par Bologne et bien d’autres villes encore, c’est « Droit au logement, droit au travail, nous ne les avons pas, ils ne les auront pas ». C’est ce qu’on pourrait appeler l’expression directe de la « désobéissance civile » ou « civique ». Elle rend impossible à terme la survie du système.
Copiés sur ceux qui avaient mené à la chute du Mur de Berlin en 1989, des rassemblements allemands entendent dénoncer aujourd’hui « l’islamisation de l’Occident » et semblent rencontrer toujours plus de succès chaque semaine. Ce sont les Pegida, un acronyme pour Européens patriotes contre l’islamisation de l’Occident. Merkel et les immigrolâtres de l’Union européenne tremblent. Pensez-vous, il faudrait demain augmenter les salaires si l’on refoule les immigrés, l’armée de réserve du capital ! Le slogan est simple et fait peur à l’oligarchie : « Nous sommes le Peuple ».
En France, rien. On se fait peur avec le Front national qui a abandonné le combat de terrain pour la virtualité médiatique et, osons-le dire, on devinerait presque un arrangement à l’amiable en haut lieu, par peur du désordre dans les affaires patronales, par souci de la paix sociale. Or on craint aussi que le système de par ses rebuts idéologiques, l’antiracisme et le droit de l’hommisme comme piliers récités de l’Education nationale, ne puisse pourtant permettre au Front de gouverner. Au mois d’octobre dernier a ainsi été rendue possible une procédure de destitution du président de la République dont on voit bien qu’elle visait directement dans sa formulation à plus long terme une future Marine présidente.
Or, si le Front national n’est plus qu’un rassemblement électoral et que les élections ne seraient que la manière de transformer le pays, comment peuvent-elles demain réellement le faire ?
Elles ne le peuvent qu’à une seule condition : que les élites soient réellement des élites de rupture. Or, ce n’est pas ce que nous voyons, car contrairement à ce que l’on nous raconte, les élites de rupture sont là, rassemblées dans une multitude de sites Internet. Voxnr a conservé dans son sigle le terme « révolutionnaire », il a raison car c’est d’une révolution (un terme sur la définition duquel il convient de s’entendre) qu’il s’agit d’envisager quand s’effritera l’édifice économique, fondé sur le surendettement collectif, l’obsolescence dirigée, la désindustrialisation de l’Europe ; il s’agit d’une révolution quand s’annoncera le réenracinement et la remigration ; il s’agit d’une révolution quand il s’agira de libérer l’Europe mais surtout il s’agira d’une insurrection et non d’une alternative électorale quand il faudra retrouver nos valeurs.
Lu sur Polémia