L’Etat doit exercer « toute son influence sur la stratégie des entreprises et l’orienter dans le sens de l’intérêt national. » C’est ce qu’écrit Jean-Louis Beffa, homme d’affaires aujourd’hui président d’honneur et administrateur du groupe Saint-Gobain, dans un ouvrage intitulé La France doit choisir.
Interrogé par Les Echos, l’auteur a déclaré être arrivé à ce constat car, selon lui, « dépassées par la logique libérale », beaucoup d’entreprises se sont développées à l’international « sans s’occuper de leur pays d’origine » et elles « n’y investissent pas ». Dénonçant le « décalage croissant entre les intérêts des entreprises et les intérêts nationaux », Jean-Louis Beffa estime que cette situation « crée inévitablement de l’incompréhension, parfois de la colère ». Sa solution ? Le modèle « commercial-industriel » qui offre, de la part de l’Etat « un soutien absolu aux capacités exportatrices du pays » avec une logique simple : « vendre plus au monde extérieur qu’on ne lui achète ». Le président d’honneur de Saint-Gobain prône une sorte de colbertisme moderne. « En France, l’Etat n’est plus imprégné des intérêts de son industrie », fustige-t-il. Et de Poursuivre : « nos responsables écoutent les ONG, les autorités de régulation, parce que, politiquement, c’est plus sympathique. A trop se préoccuper du consommateur, l’Etat en a oublié les intérêts de ses producteurs ». Une « erreur » selon l’ancien patron de Saint-Gobain qui expliquerait « à elle seule le fossé qui s’est creusé » entre l’industrie française et l’industrie allemande.