Il est encore trop tôt pour le dire. Mais plusieurs indices semblent montrer que ses hiérarques commencent enfin à comprendre ce que veulent les électeurs. Au demeurant, point n’est besoin d’être un sondeur distingué pour le savoir : c’est tout simple, les électeurs de droite veulent une droite qui fasse une politique de droite.
C’est-à-dire une politique de respect de la dignité de la personne humaine de sa conception à sa mort naturelle, de défense de notre identité, de restriction drastique de l’immigration, de restauration de nos libertés, de libération de notre économie étouffée par un Etat-providence aussi obèse qu’impotent, etc.
Les principes sont connus et archi-connus. Pourtant, les dirigeants de droite s’obstinent à prendre leurs ordres dans les décombres de la rue de Solférino ou de la place du colonel Fabien.
D’où l’importance des signes dont je parlais en commençant – qui ne sont certes que des frémissements, mais qui vont dans le bon sens.
Nous avons eu tout d’abord Laurent Wauquiez qui, devant une assemblée de Sens commun, a fermement pris position contre la nouvelle dérive libertaire à la mode : l’ouverture de la PMA aux femmes seules et aux couples de lesbiennes. Il a très justement fait remarquer que cette dérive ouvrait la porte, non seulement à la légalisation des mères porteuses (et donc à la restauration de l’esclavage sous des atours chics et bobos), mais, dès le stade de la PMA, à la marchandisation des gamètes et du corps humain, et ainsi à l’eugénisme. Alors qu’on l’avait peu entendu, et que l’on avait peu entendu son parti, sur cette question, son entrée dans le débat a été fracassante – ce qui était particulièrement bienvenu pour rompre avec le ronronnement politiquement correct.
Certes, il y a des progrès à faire. On peut regretter que Laurent Wauquiez n’ait pas appelé à une abrogation de la loi Taubira, qui ouvrait logiquement la porte à la PMA sans père. On peut regretter qu’il n’ait pas évoqué les problèmes éthiques que pose la PMA tout court – et spécialement les dizaines de milliers d’embryons « surnuméraires » sans « projet parental » qui finiront probablement en matériau de laboratoire. On peut regretter qu’il ait évoqué l’eugénisme comme un futur proche et non comme une réalité hélas bien actuelle – comme ne peuvent plus en témoigner les 96% de bébés trisomiques massacrés avant leur naissance. On peut regretter mille choses. Mais on peut aussi se réjouir que, grâce à Laurent Wauquiez, le débat bioéthique soit enfin lancé dans les milieux politiques.
Dans le même sens, on peut se réjouir de la tribune signée par une vingtaine de sénateurs LR affirmant leur volonté de s’opposer au diktat de la gauche libertaire sur ce sujet – et réclamant même une abrogation de la loi Taubira.
De toute évidence, le travail discret mené par Bruno Retailleau, président du groupe LR du sénat, pour poser les fondations d’une droite « conservatrice », commence à porter quelques fruits.
Dans un autre ordre d’idées, on peut également se féliciter que Valérie Pécresse, présidente LR du conseil régional d’Ile-de-France, ait accepté de subventionner des associations qui font un remarquable travail de terrain, comme les maisons Marthe et Marie qui accueillent les femmes en détresse. Certes, là encore, nous n’en sommes pas encore à dénoncer le mal du massacre de masse. Mais il faut bien commencer par quelque chose et l’accueil des femmes en détresse est une très belle action politique. C’est d’autant plus courageux que, comme il était prévisible, Valérie Pécresse a été la cible d’une campagne de presse visant à la faire passer pour assujettie aux « cathos tradis » – la presse de gauche, si pieusement anti « conspirationniste », ne manque jamais d’imagination pour inventer des complots en tout genre !
Toujours au chapitre des frémissements qui pourraient laisser espérer le réveil d’une droite assumée, on peut mentionner la rumeur insistante de ces derniers jours selon laquelle le philosophe François-Xavier Bellamy pourrait diriger la liste LR aux européennes. J’ignore la crédibilité de cette rumeur et je ne connais pas assez M. Bellamy pour apprécier s’il aurait la « carrure » pour cette mission. Mais je sais au moins une chose : dans l’imaginaire collectif, il est l’un des philosophes les plus proches de la Manif pour tous et que son nom circule en dit déjà long sur le poids qu’ont acquis nos idées dans le débat public depuis 5 ou 10 ans.
On peut aussi mentionner de l’autre côté de cet infranchissable Rubicon (qu’il faudra bien un jour franchir pour défendre ensemble l’intérêt prioritaire de la France et des Français) l’excellent travail qu’a effectué l’eurodéputée FN Mylène Troszczynski qui a courageusement promu, lors d’un colloque à l’Assemblée nationale, le 29 octobre dernier, la famille fondée sur le mariage homme-femme et la convention sur les droits de la famille rédigée par le remarquable parlementaire polonais Marek Jurek.
Certes, ne jouons pas les Perrettes en spéculant sur des victoires pour le moment plutôt virtuelles. De même qu’une hirondelle ne fait pas le printemps, quelques frémissements ne font pas un réveil de la droite de conviction. Il n’empêche, les bonnes nouvelles sont suffisamment rares pour être goutées et nous avons assez critiqué nos élus qui nous représentent souvent si mal pour les féliciter quand ils vont dans le bon sens. Espérons qu’ils aillent au bout de cette logique en assumant un programme cohérent, clairement de droite, et en promouvant des élus aux convictions solides et pas de ces technocrates hors-sol en quête de prébendes qui ignorent tout de notre histoire et se moquent comme d’une guigne du bien commun ! Espérons aussi que cette bonne volonté ne soit pas simplement une tactique d’opposants, comme on l’a trop vu dans notre histoire récente… Il est vrai que les temps ont changé et que les électeurs ne sont plus disposés à se désintéresser de ce que font leurs « représentants » une fois élus : ces derniers savent désormais que nous les « marquerons à la culotte », préférant toujours la victoire de francs adversaires à celle de faux frères ! Peut-être est-ce aussi pour cela que l’on observe ces frémissements…
Guillaume de Thieulloy sur Liberté Politique :