Le clampin qui a réussi à demeurer éveillé jusqu’à la fin de cette joute en trompe l’œil est un citoyen modèle.
Certains s’attendaient à un choc des titans. Une gauche réduite à ses revendications sociétales qui attendait tant d’Alain Juppé, l’homme dont L’Obs et Les Inrockuptibles donnaient tout pour avoir sa frime à la une. Une droite donnée pour être de conviction mais qui, depuis quelques jours, voyait en François Fillon son nouveau champion.
Au final des courses ? Une vilaine contrefaçon de la tournée Stars 80, manière « Âge tendre et tête de bois », François Fillon assurant que son projet est le « plus radical », tandis qu’Alain Juppé prétend qu’il faut accompagner « la numérisation du monde ». Le clampin qui a réussi à demeurer éveillé jusqu’à la fin de cette joute en trompe-l’œil est un citoyen modèle ; quant au gratte-clavier (dont votre serviteur) au poste sur le pont, yeux grands ouverts grâce à des allumettes calées sous les paupières, on dira à sa décharge qu’il faut bien gagner sa croûte.
Stars 80, disions-nous ? Oui, tant les deux discours semblent être pâle photocopie l’un de l’autre. Supprimer cinq cent ou deux cent cinquante mille postes de fonctionnaires ? Relever le temps de travail hebdomadaire à 39 heures, « mais pas de façon brutale » (Jullon) ou « 39 heures payées 37 » (Fippé) ? Youpi la fête !
Le bon sens le plus élémentaire devrait ainsi ramener les militants d’un prétendu Sens commun à plus de raison, Alain Fillon étant d’une discrétion de violette quant à sa prétendue défense de la famille et son éventuelle position anti-avortement. Campagne médiatique dans laquelle François Juppé assure n’être pour rien. Pas de doute, la France bien élevée monte en force.
Pour le reste, Waterloo morne plaine et, sur les plateaux, les habituels commentateurs politiques, même ceux aux esprits les plus affûtés sont à la peine.
On apprend juste qu’Alain Juppé serait le meilleur rempart contre Marine Le Pen, tandis que François Fillon viendrait désormais bousculer les appétits de pouvoir du Front national. « Purée de nous autres », comme dirait Enrico Macias, second cerveau d’appoint, après Patrick Buisson, de feu Nicolas Sarkozy.
Au fait, drôle d’idée que ces primaires à la française, bidule importé, comme toujours, comme souvent, des USA. Mais là-bas, il n’y a que deux partis. D’où primaires à un tour et présidentielle à un tour. Alors qu’en France, primaires à deux tours et présidentielle à deux tours. Soit quatre tours pour le prix de deux. De quoi donner le tournis. La France sera donc immanquablement à l’avant-garde de la modernité ; celle du siècle dernier, par ailleurs, Margaret Thatcher pour François Fillon et Paul Deschanel pour Alain Juppé, président de la République connu pour être bêtement tombé d’un train comme d’autres peuvent chuter dans les sondages.
PS : que Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen dorment tranquilles, ayant su s’épargner, eux et à juste titre, ce genre de palinodies de type pour le moins primaire.
Nicolas Gauthier – Boulevard Voltaire
Et dans la série ne parlons pas de ce qui fâche: rien sur l’islam, rien sur l’invasion migratoire… Mais nos amis de Riposte laîque “à l’honneur”, traités d’officine par Ali Juppé, ce qui leur a valu une notoriété plus grande encore. (NDLR)