Malheur à celui qui, dans la classe politique, commet une bourde, a un physique atypique ou prend un peu trop la lumière. Impitoyables entre eux, les élus raffolent des surnoms vachards pour épingler les petits travers de leurs adversaires. Les socialistes sont parmi les plus féroces. François Hollande en sait quelque chose, lui qui en a accumulé une incroyable collection : « Fraise des bois » (imaginé par Laurent Fabius, que les hollandais appelaient en retour « Dark Vador »), « Flanby », « Pépère », « le Pingouin » (signé Carla Bruni-Sarkozy), et « le Capitaine de pédalo » de Jean-Luc Mélenchon.
Lequel s’était vu méchamment rebaptiser il y a des années par Jean-Paul Huchon, patron PS de la région Ile-de-France… « Méchant Con ».
La majorité de gauche compte d’autres perles en matière de sobriquets. Cécile Duflot, qui ne porte pas Manuel Valls dans son cœur, l’a rebaptisé « Pépé », du nom du personnage d’« Astérix en Hispanie » qui a la mauvaise habitude de se fâcher tout rouge. Mais l’ex-patronne des Verts sait-elle que Hollande l’appelait un temps « le Puceron » ? Quant à Bernard Cazeneuve, on le surnomme « R2-D2 », le petit robot de « Star Wars ». Pas de quoi froisser le ministre de l’Intérieur, qui plaisante volontiers de sa taille. On trouve également Arnaud « Montebourde » et Najat « Pimprenelle » Vallaud-Belkacem, dont le président apprécie la capacité à endormir les profs ! Emmanuel Macron, enfin, appelle tout le monde « ma poule » sur ses SMS !
Entre eux, les fidèles de Sarkozy appelaient Dati… « la Zoubida »
A droite, les Sarkozystes historiques se distinguent par leur cruauté. Du temps où elle était garde des Sceaux, Rachida Dati s’était vu moquer sur ses origines. Entre eux, les fidèles de l’ancien président l’appelaient… « la Zoubida ». Nicolas Sarkozy n’est pas en reste, qui compare en privé Marine Le Pen à un « déménageur ». Le patron des Républicains est affublé de sa panoplie de surnoms, qu’il déteste : « Naboléon » (signé Dominique de Villepin et Patrick Buisson), « Iznogoud » ou « Speedy Gonzalez ». François Fillon — « Courage Fillon », « Mister Nobody », « le Planqué » — en a souffert quand il était à Matignon. Michèle Alliot-Marie, « MAM », a beaucoup encaissé. Les sarkozystes surnommaient son microparti gaulliste « le Chêne… et ses glands ».
De fait, ce sont les femmes qui sont les plus raillées, dans une classe politique encore un brin machiste. La « Zapatera » Ségolène Royal en a été la grande victime pendant la présidentielle de 2007, où les méchantes blagues fusaient au PS sur « Bécassine ». Une vanne, notamment, faisait les délices des fabiusiens : « Comment les socialistes vont-ils gravir la montagne ( NDLR : phrase fétiche de Royal dans ses meetings ) ? Parce qu’ils ont une gourde ! » Violent… Nathalie Kosciusko-Morizet aussi a été accablée de surnoms comme « la Bourgeoise » ou « la Sorcière ». Nadine Morano, qui la déteste, l’appelle « la Coqueluche sur échasses ». Très cash, Morano surnomme également Gérald Darmanin, ex-porte-parole de Sarkozy, « le Chihuahua ».
D’autres élus de droite ont appris à vivre avec leur surnom, passé à la postérité : la patronne du FMI « Christine Lagaffe », Jean-Pierre « Raffarien », François « Harry Potter » Baroin, Alain « Amstrad » Juppé ou « Mickey d’Orsay » (Philippe Douste-Blazy, quand il dirigeait la diplomatie). Quant aux enfants terribles Geoffroy Didier et Guillaume Peltier, qui agacent chez les Républicains, ils auront du mal à se défaire d’« Adolf et Benito ». La politique, monde de brutes…