Les ébauches d’À la recherche du temps perdu de Marcel Proust ont été publiées pour la première fois jeudi 22 octobre par les éditions des Saints Pères. La reproduction des trois carnets Moleskine inédits de l’auteur révèle notamment les ratures autour de la scène emblématique de la madeleine.
«De ces dizaines de milliers de pages, nous avons choisi d’extraire trois pépites», raconte à l’AFP Jessica Nelson, éditrice et cofondatrice des éditions des Saint-Pères, où Proust travaille sur ce qui va devenir «une scène fameuse entre toute» de l’univers proustien: celle du goût de la madeleine humectée d’un peu de thé.
«C’est dans ces Cahiers que l’on trouve la première occurrence de cette sensation – qui passe, à juste titre, pour une sorte de Big Bang proustien», écrit dans sa préface Jean-Paul Enthoven, coauteur avec son fils Raphaël, du Dictionnaire amoureux de Marcel Proust (Plon).
«Marcel, prudent, n’a pas encore définitivement choisi sa Petite Madeleine moulée dans la valve rainurée d’une coquille de Saint-Jacques. Il hésite, envisage diverses pâtisseries, après avoir imaginé une tranche de pain grillé, il médite autour d’une biscotte, et il faut attendre encore pour voir enfin apparaître le biscuit proustien par excellence», raconte Jean-Paul Enthoven.
La petite madeleine apparaîtra finalement dans Du côté de chez Swann. «Cet épisode est le moteur secret de toute la Recherche. Ces trois cahiers inédits permettent ainsi de retracer la généalogie littéraire du moment le plus emblématique de l’univers proustien», rappelle Jessica Nelson. Aujourd’hui, «la madeleine de Proust» est devenue un lieu commun, pour désigner un souvenir qui revient soudain à la mémoire.
Les éditions des Saints-Pères publient deux tirages des carnets. Les mille premiers acheteurs auront droit à un coffret vert numéroté, ensuite ce sera un coffret ivoire (non numéroté). Quelle que soit l’édition, ces carnets d’un total de 268 pages seront vendus 249 euros.