“Macron a choisi de privilégier les réfugiés plutôt que les Français. Il doit maintenant préciser à quelle hauteur.”

Au mois de juillet, lors de la visite d’un centre d’hébergement de réfugiés à Orléans, Emmanuel Macron annonçait sa volonté de créer des « hotspots » au Niger, au Tchad, voire en Libye « dès cet été », ces centres devant être chargés de trier les candidats à l’asile en France, afin de maîtriser l’arrivée des migrants venus de Libye. Lors d’un mini-sommet, le 28 août, à Paris, consacré à la crise migratoire en Afrique et en Europe, il a confirmé cette position pour le Niger et le Tchad (sans, d’ailleurs, obtenir formellement l’aval des chefs d’État africains concernés !), le tout sous supervision du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).

Effet de boomerang, principe de réalité, rappel à l’ordre, appelez ça comme vous voulez : l’ONU, qui n’avait sans doute pas été mise « dans la boucle », vient de réclamer par l’intermédiaire de son envoyé spécial du HCR pour la Méditerranée centrale, Vincent Cochetel, une clarification « au plus tôt » par la France sur le nombre de réfugiés qu’elle compte aller chercher au Niger et au Tchad pour les réinstaller.

Ce rappel à l’ordre de l’extérieur est accompagné de chiffres mettant la France devant la responsabilité de cette proposition. Le HCR précise ainsi que le nombre de « personnes vulnérables »ayant besoin d’un transfert s’élève à « 83.500 au Tchad et 10.500 au Niger ». De plus, en 2015 et 2016, « aucun réfugié africain » n’a été transféré depuis le Niger, « un seul » en 2017, vers la France. Quant au Tchad, le nombre de personnes réinstallées s’élève à « 856 en 2015, 641 en 2016 et 115 en 2017 », « presque aucun vers l’Europe » puisque « la plupart ont été accueillis au Canada ou aux États-Unis ». Quant à la possibilité d’intervenir plus directement en Libye, Vincent Cochetel a jugé nécessaire que les pays européens « arrêtent de se bercer d’illusions sur les possibilités actuelles de travailler avec ce pays ».

Le président de la République a annoncé une « refondation complète » de la politique d’immigration et prôné un cap de fermeté pour la future loi qu’il veut voir bouclée début 2018. Emmanuel Macron se trouve donc pris en tenaille entre, d’un côté, sa soi-disant volonté de limiter le droit d’asile et de s’affranchir des réfugiés économiques et, de l’autre côté, l’état des lieux alarmant du HCR qui concerne des réfugiés « personnes vulnérables », sans distinction… Et tout cela sur fond de manque de logements d’accueil et de HLM, de baisse des APL, d’augmentation de la CSG, d’appauvrissement des retraités et d’un taux de chômage de 10 % de la population active… mais de hausse des crédits consacrés à la politique d’immigration afin de faciliter l’installation des « réfugiés » !

En politique comme dans la vie, il y a parfois des choix à faire révélateurs de la personnalité de celui qui les fait. Emmanuel Macron a choisi de privilégier les réfugiés plutôt que les Français. Il doit maintenant préciser à quelle hauteur.

 

 

Philippe Franceschi  – Boulevard Voltaire

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