Après la publication par le comité d’éthique de l’Inserm d’un avis le 14 septembre estimant que la découverte de la trisomie « n’aurait pu être faite sans les contributions essentielles de Raymond Turpin et Marthe Gautier », la Fondation Jérôme Lejeune a fait parvenir le droit de réponse suivant à La Croix :
« L’avis du comité d’éthique de l’Inserm sur la découverte de la trisomie 21 appelle les observations suivantes de la part de la Fondation Jérôme Lejeune.
Un manque de mémoire ou de gratitude
Comme en témoignent les écrits et prises de parole publiques de l’époque, Jérôme Lejeune a toujours reconnu et salué le rôle de Mme Gautier dans la découverte de la trisomie 21 qui est celui de l’apport d’une technique américaine de culture de tissus cellulaires. En oubliant cet hommage, qui ne s’est jamais démenti, Mme Gautier fait preuve de manque de mémoire ou d’ingratitude. Mais l’apport de la technique de culture cellulaire ne constitue pas l’essence de la découverte. Le découvreur est celui qui est parti d’une hypothèse, l’a vérifiée, y a cru et a porté le projet.
Des contre-vérités
Contrairement à ce que soutient aussi Mme Gautier, Jérôme Lejeune ne s’est jamais attribué la découverte lui-même. C’est le Professeur Raymond Turpin, chef du service dans lequel travaillait Gautier et Lejeune, qui a reconnu Jérôme Lejeune comme le découvreur de la trisomie 21 et lui a demandé de signer en tête l’article princeps. En effet, comme le montre son carnet d’analyse de laboratoire, à la date du 22 mai 1958, Jérôme Lejeune a été le premier à décompter les 47 chromosomes et établir scientifiquement, pour la 1re fois, un lien entre une anomalie chromosomique et un retard mental. Mme Gautier qui n’était pas généticienne, ne s’intéressait pas au mongolisme et n’avait rien publié sur le sujet, ne pouvait pas établir ce rapprochement. Au contraire, Lejeune, en charge de la consultation des patients qu’on appelait alors « mongoliens » avait déjà publié plusieurs articles sur le mongolisme, il était déjà chargé de recherche à l’Inserm. Il n’était pas cet inconnu que décrit Mme Gautier.
Nous tenons d’ailleurs à la disposition des historiens la lettre manuscrite adressée le 27 octobre 1958 par le Pr Turpin à Jérôme Lejeune (alors en voyage à l’étranger) qui informe ce dernier que Marthe Gautier en est toujours à compter 46 chromosomes au lieu de 47 chez les enfants mongoliens.
Un parti pris
Le fait que le comité d’éthique de l’Inserm ne tienne pas compte de faits établis et documentés, mais préfère s’en rapporter à la relecture et aux souvenirs de Mme Gautier, vingt ans après la mort de Jérôme Lejeune, doit nous interpeller. La saisine de l’Inserm et le texte de son comité d’éthique laissent transparaître deux explications :
– la volonté de mettre en avant la discrimination sexiste dont auraient fait l’objet les jeunes femmes scientifiques dans le secteur de la recherche de la part des « mandarins » dans les années 60, ce qui est un contresens chronologique puisque Jérôme Lejeune avait 33 ans à l’époque de la découverte, était donc plus jeune que Mme Gautier, et n’était pas le chef de service ;
– la volonté de porter atteinte à la réputation d’un scientifique français, de renommée internationale, qui a consacré une partie de sa vie à la défense de la vie humaine menacée par l’avortement (et qui, pour cette raison, aurait fait perdre à l’équipe la possibilité d’obtenir le prix Nobel). »
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