Par une belle journée d’été, je me suis rendue à Bourges, ville natale de Jacques Cœur. Avec des histoires plein la tête suite à la lecture de l’ouvrage de Jean-Christophe Rufin Le Grand Cœur, j’ai commencé par la découverte du palais Jacques-Cœur. La visite intérieure fut passionnante, enrichie par les commentaires et les anecdotes de notre guide.
Cependant, lors de cette visite, une chose m’a particulièrement dérangée et choquée. À l’intérieur du palais, des photographies et surtout des vidéos ont envahi les murs de plusieurs salles. Des vidéos ridicules, vulgaires, violentes et aussi à caractère pornographique.
Souhaitant offrir une journée culturelle à vos enfants ou petits-enfants, pouvez-vous imaginer un instant vous retrouver avec eux devant ça ?
Les photos, mises en exergue sur l’affiche présentant l’exposition, sont loin de refléter ce qui est réellement exposé. Il est incontestable que le visiteur se retrouve piégé, pris en otage.
Brouiller les repères, c’est le but que l’auteur souhaite atteindre à travers cette exposition, avec la bienveillance des personnes chargées de choisir les manifestations proposées au public : « L’exposition FICTION est à ce titre une véritable création qui vient troubler les certitudes, introduire du doute entre réalité historique et fiction. »
Or, justement, un des problèmes actuels qui rongent notre société est que trop de nos jeunes partent à la dérive par manque de repères. Après la télévision et autres médias, le téléphone portable, voilà maintenant la pornographie présente au cœur de nos sites culturels ?
Il existe, sans doute, des lieux plus en accord avec ce type de manifestation, notamment des galeries privées. Mais, de grâce, qu’on nous laisse rêver dans les fantastiques monuments de notre patrimoine national que nous envient tant de pays !
« Ces personnages viennent peupler le palais Jacques-Cœur, déserté de ses occupants historiques, en suggérant l’idée d’un bâtiment réceptacle d’une multitude d’histoires autres. » Le palais Jacques-Cœur n’est en rien « déserté » des personnages historiques qui l’ont habité. Les façades, les pierres, les détails architecturaux respirent leur présence. Quel esprit bien pauvre en Histoire peut affirmer qu’il s’agit là d’une coquille vide ?
Que l’on permette à chaque visiteur, petit ou grand, de laisser libre cours à sa propre imagination sans lui imposer je ne sais quels fantasmes dans un lieu tel que ce magnifique palais, témoin emblématique de la fin du Moyen Âge et du savoir-faire des créateurs de l’époque ! Quand un pays a la chance d’avoir, dans son patrimoine, des monuments si exceptionnels, témoins non seulement de la richesse de notre civilisation et de notre culture, mais aussi d’une période bien précise de notre histoire, il a le devoir de les préserver pour les nouvelles générations et aussi de veiller à ce que l’esprit des lieux soit conservé et respecté.
Françoise Cassegrain -Boulevard Voltaire
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