Il est un trait commun aux politiques, pour peu qu’ils aient été un temps dans la lumière – lumière blanche ou lumière noire, voire lumière rouge façon boxon comme un certain DSK. Cet invariant, quel que soit leur bord, quelles que soient leurs opinions, si tant est qu’ils en aient réellement : ils ne peuvent plus se passer des feux de la rampe. De la scène, des plateaux, des crachoirs, des mains à serrer, des selfies… tout ce barnum qui les fait se sentir exister. Qu’on le fasse en bien ou en mal, qu’importe : l’essentiel, comme en politique, est qu’on parle d’eux.
C’est ainsi qu’on a vu Roselyne Bachelot passer du ministère de la Santé à C8, un temps spécialistes ès potins dans « Le Grand 8 », avant de devenir animatrice à temps plein sur RMC et bientôt chroniqueuse à LCI. De même Jean-Louis Debré, ex-président de l’Assemblée nationale après avoir exercé les fonctions hilarantes de ministre de l’Intérieur et, pour finir, président du Conseil constitutionnel jusqu’en 2016, est-il devenu le bon papa de « La Cour des grands » sur Europe 1, servant de faire-valoir aux éclats de rire d’Alessandra Sublet.
On est donc à peine surpris d’apprendre que Jean-Pierre Raffarin va débuter, en septembre, une nouvelle carrière de chroniqueur sur France 2 dans une émission intitulée « 19 H le week-end ». Il y retrouvera, autour de Laurent Delahousse, Christophe Ono-dit-Biot et Karine Tuil (écrivains), la pétroleuse Caroline Fourest et l’indéboulonnable Alain Duhamel.
Car il faut le dire aussi : les journalistes n’échappent pas à ce désir de montrer jusqu’à la tombe leur derrière. Exemple, Franz-Olivier Giesbert ou Christine Ockrent, qui se commettent aux « Grosses Têtes », émission devenue d’une vulgarité qui seule peut le disputer à l’ignorance et à la bêtise crasse de ses intervenants, faisant passer l’époque des Jacques Martin et autres Jean Yanne pour le Grand Siècle de la culture française.
Balayés des assemblées par la déferlante Macron, nombreux sont aujourd’hui les politiques à tenter de se recaser dans les médias. Avant, sans doute, qu’ils ne passent eux aussi chez Ruquier, on va donc retrouver le joyeux drille Henri Guaino chaque matin sur Sud Radio, Julien Dray sur LCI et, toute honte bue, l’ex-porte-parole de La France insoumise, Raquel Garrido, chez Ardisson sur C8. Il faut croire que quand il paye, Bolloré est un homme bien…
À chacun ses démons, me direz-vous, et il est toujours intéressant de voir ce qui prime chez un individu. On s’aperçoit ainsi que nos politiques écartés du pouvoir se partagent globalement en deux catégories : ceux qui veulent surtout en être et ceux qui veulent surtout en avoir. La griserie médiatique ou la griserie du pognon. Et s’ils peuvent combiner les deux…
Sarkozy n’a jamais fait mystère de son goût pour l’argent ; une véritable « obsession », disent, de Berlusconi à Hollande, tous ceux qui l’ont approché. Une âpreté maladive qui lui ferait tout envisager sous cet angle : ses relations, ses amours, ses affaires, ses loisirs, ses campagnes… Mais pour celui-là qui l’avoue, combien qui le cachent ?
Il aura fallu une campagne calamiteuse pour que la France découvre que « l’exécutant » du précédent, le très policé François Fillon, avait lui aussi un rapport étrange à l’argent. Du Penelopegate à la guerre avec Les Républicains pour la restitution du trésor des primaires (4 millions d’euros, tout de même !), ce père la vertu semble accroché à sa cassette comme une bernique à son rocher. C’est donc sans surprise, là encore, qu’on apprend son entrée officielle dans le monde de la finance.
À compter du 1er septembre, François Fillon exercera en tant qu’associé chez Tikehau Capital, un fonds d’investissement qui gère plus de dix milliards d’euros d’actifs.
On n’en doute pas, Penelope l’aidera à faire du classement…
Marie Delarue – Boulevard Voltaire